« Si je pouvais juste avoir votre nom et votre pays, ce serait super. » Cette phrase, prononcée par Donald Trump en plein sommet avec des chefs d’État africains, résume tristement la posture condescendante que subit l’Afrique dans certaines sphères diplomatiques internationales. Les caméras ont immortalisé ce moment, qui montre comment des dirigeants africains, qui ont pourtant des ambitions nationales et continentales, sont parfois réduits à des figurants dans des scénarios écrits ailleurs.
Alors que les États-Unis accueillent une nouvelle série de réunions bilatérales avec les dirigeants africains, une question importante se pose : combien de temps l’Afrique va-t-elle endurer ce spectacle diplomatique dans lequel elle est traitée comme un continent à gérer plutôt que comme un partenaire à respecter ?Une lueur dans l’ombre : le discours du Président Sénégalais Bassirou Diomaye FayeDans cet environnement souvent marqué par des dynamiques inégalitaires, la voix de Diomaye Faye, le président sénégalais, s’est fait entendre à la Maison Blanche grâce à sa clarté, sa dignité et son sens stratégique. Il a non seulement dit au président américain qu’il voulait travailler ensemble, mais il a également partagé une vision africaine moderne et ambitieuse, soutenue par la structuration de projets tels que l’utilisation intelligente des ressources naturelles, la création d’un centre technologique sur la côte atlantique et même la diplomatie sportive.
Sans détour, il a également rappelé que la paix est la condition sine qua non de tout partenariat durable, saluant les efforts américains pour résoudre certains conflits, tout en ancrant fermement l’Afrique en tant qu’acteur de la paix et non en tant que simple sujet d’aide.La dignité ne se négocie pasIl est cependant douloureux de constater que malgré la pertinence des discours comme celui du Président Diomaye Faye, le format même de ces sommets révèle encore une logique désuète : l’Afrique y est souvent traitée comme un bloc homogène, convoquée pour écouter ou réagir à une seule puissance, sans véritable dialogue d’égal à égal. Ce genre de rencontres où plusieurs chefs d’États africains font la queue pour « saluer » un président américain, dans un timing millimétré, relève plus du théâtre protocolaire que de la diplomatie constructive. Ces scènes alimentent une perception humiliée du continent, relégué au second rôle, alors même que ses ressources, ses talents et son dynamisme démographique sont stratégiques pour l’avenir de la planète.Un changement de paradigme est indispensable pour nos pays africains Le temps est venu pour les Etats-Unis de tisser avec l’Afrique de vrais liens solides, fondés sur des gains mutuels et des relations de rapports humains. Cela passe par :
des formats de dialogue équilibrés, pays à pays ou dans des groupes africains choisis par les Africains eux-mêmes ;
la reconnaissance du rôle moteur de l’Afrique dans la transition énergétique, l’innovation numérique, la gouvernance mondiale ;
et surtout, une diplomatie débarrassée des humiliations symboliques et des rencontres sans lendemain.L’Afrique ne cherche ni la pitié ni la charité, mais l’égalité et le respect. Ce continent jeune, vibrant, et riche de son histoire et de ses ressources, doit désormais converser sur le même pied d’égalité avec chacun de ses interlocuteurs. Et chaque président africain qui, comme Diomaye Faye, ose le dire haut et fort, ouvre la voie à la sortie de cette humiliation dont peu osent encore parler mais qui ronge désormais.
Et chaque président africain qui, comme Diomaye Faye, ose porter cette voix, trace un chemin vers la fin de cette humiliation silencieuse mais persistante.Il est temps d’en finir avec une diplomatie de façade. L’Afrique a droit à la parole, non pas comme un devoir humanitaire sans fin ou un terrain d’affrontement, mais comme un partenaire ambitieux, souverain, et respectable. Pour une fois, ce sont les Africains qui doivent imposer le changement. Avec force, avec honneur.
Samba Diallo
Politiste de formation à l’université Gaston Berger