Traité mondial sur le plastique : l’Afrique à la manœuvre à Genève

Traité mondial sur le plastique : l’Afrique à la manœuvre à Genève

Près de 180 pays sont réunis à Genève depuis ce mardi 5 août pour un nouveau cycle de négociations sous l’égide des Nations unies. Objectif : conclure un traité mondial juridiquement contraignant contre la pollution plastique. Cette session, prévue pour durer dix jours, intervient après l’impasse enregistrée en décembre 2024 à Busan. Elle ambitionne de fixer un cadre réglementaire global couvrant tout le cycle de vie des plastiques, de leur production à leur élimination.

Pour le continent africain, ces discussions sont cruciales. Bien que l’Afrique ne génère qu’environ 5 % de la production mondiale de plastique, elle subit de plein fouet les conséquences de cette pollution. Le continent est en effet l’un des principaux réceptacles de déchets plastiques — souvent en provenance des pays développés —, une situation qualifiée par certains observateurs de « colonialisme des déchets ». Cette réalité pèse lourdement sur l’environnement, la santé publique et les économies locales.

Consciente de ces enjeux, l’Afrique entend jouer un rôle de premier plan dans les discussions. Le Groupe africain de négociateurs, agissant sous la houlette de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN), plaide pour un traité ambitieux et contraignant. Une priorité est mise sur la nécessité d’un financement stable et prévisible afin de permettre aux pays africains de déployer efficacement les mesures prévues dans le futur accord.

Mais l’unité africaine sur ce dossier reste relative. Les points de friction portent notamment sur les articles 3 et 6 du projet de traité, relatifs respectivement aux produits chimiques et à la production de plastique. Cette division se reflète dans l’absence de consensus autour de l’« appel de Nice pour un traité ambitieux » : seuls 27 pays africains y ont souscrit, tandis que 27 autres s’en sont abstenus.

Malgré ces divergences, plusieurs pays africains se démarquent par leur volontarisme. Le Rwanda, souvent cité en exemple pour sa politique anti-plastique rigoureuse, copréside avec la Norvège la Coalition de Haute Ambition, qui milite pour un traité fort. Dans ce pays, des entreprises transforment les déchets plastiques en briques de construction. Au Kenya et en Ouganda, des start-ups innovent en développant des alternatives biodégradables. Quant au Nigeria, il expérimente des projets où les déchets plastiques servent à payer les frais de scolarité. Ces initiatives démontrent le dynamisme et le potentiel du continent à inventer des solutions durables et adaptées.

Pour l’Afrique, l’issue de ces négociations revêt une importance capitale. Tandis que les partisans d’un accord ambitieux appellent à une réduction drastique de la production plastique et à une transition équitable vers une économie circulaire, d’autres acteurs majeurs — comme l’Arabie saoudite, l’Iran, la Russie ou encore l’Inde — sont accusés de freiner les discussions pour préserver leurs intérêts économiques dans l’industrie pétrochimique.

Le défi est de taille, et l’échec n’est pas une option. L’Afrique, en première ligne face aux conséquences de la pollution plastique, espère que cette session de Genève débouchera sur un accord global et équitable, à la hauteur de l’urgence environnementale mondiale.


El faye

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