Il n’est pas nécessaire d’être un devin pour constater que le corps des tirailleurs sénégalais, créé en 1857 par un décret de Napoléon III, a participé aux conquêtes coloniales françaises sur le sol africain. Ils ont combattu contre El Hadji Omar en 1857, Lat Dior en 1864, Béhanzin en 1894, Samory en 1898. Ils ont même pris part à différentes missions et expéditions comme au Madagascar, toujours à la fin du XIXe siècle. Ainsi lorsqu’il a fallu porter le feu de l’action militaire, la main du tirailleur n’a pas tremblé.
S’ils sont des traitres ou pas telle n’est pas la question la plus utile pour la mémoire collective. Je crois que le terrain historique n’est pas un tribunal qui accuse, condamne ou juge. Il est donc absurde d’entrer dans une querelle infertile. Parallèlement, il ne faut pas éviter le débat contradictoire puisque la biodiversité des opinions maintient l’écosystème sociale et politique.En ce qui me concerne, la question qui se pose avec acuité est la suivante : Pourquoi commémore-t-on les tirailleurs sénégalais suite au massacre de Thiaroye 1944 ?
D’une part, on les commémore parce que la portée historique de leur massacre à Thiaroye a permis un vent de révolte accélérant la décolonisation en Afrique. D’autre part, on les commémore dans une dynamique de restauration de la vérité historique. De ce point de vue, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de continuer à lire l’histoire du petit bout de la lorgnette de l’historiographie européenne.
Malick Mbodj