En déplacement ce dimanche à Tambacounda, deuxième étape de sa tournée nationale de suivi de la campagne agricole, le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Dr Mabouba DIAGNE, a voulu prendre le pouls d’une région qui signe un retour remarqué au premier plan de la filière cotonnière.
La première étape de la visite a conduit le ministre sur une exploitation de huit hectares à Dialokoto, considérée comme un véritable site vitrine. Le producteur y affiche une productivité de 2 tonnes à l’hectare, soit presque le double de la moyenne ouest-africaine, estimée entre 1 et 1,2 tonne par hectare. Ce résultat exceptionnel, selon les services techniques du ministère, s’explique par les appuis renforcés de l’État via la SODEFITEX, notamment la disponibilité des intrants, des financements sécurisés et un accompagnement rapproché des producteurs.
Pour la campagne en cours, la région a emblavé près de 5 000 hectares, et les projections tablent sur 25 000 tonnes de coton-graine, un bond significatif comparé à la moyenne de 15 000 tonnes enregistrée durant la dernière décennie. Tambacounda consolide ainsi sa position stratégique dans l’économie agricole nationale.
Lucide sur les défis persistants, Dr DIAGNE a souligné deux leviers essentiels pour libérer le potentiel productif du bassin cotonnier : la mécanisation et la maîtrise de l’eau. Selon lui, sans une gestion plus efficiente de ces facteurs, « le plein potentiel des milliers de petits exploitants restera sous-exploité ».
Pour amorcer un changement d’échelle, le ministre a dévoilé trois chantiers structurants : la mise en place d’un Plan de Développement Agricole Intégré de Tambacounda (PDAIT), la signature d’un contrat-programme coton entre l’État et la SODEFITEX, et la création de quatre à cinq CUMA (coopératives d’utilisation de matériel agricole) destinées aux jeunes et aux femmes.
Objectif affiché : atteindre 50 000 tonnes de coton-graine à l’horizon 2029, soit le double du niveau prévu pour cette année. Une trajectoire ambitieuse, que le ministère juge toutefois réaliste, à condition que les efforts actuels soient maintenus et renforcés.
« Tambacounda a le potentiel de redevenir une véritable capitale du coton », a affirmé Dr Mabouba DIAGNE, rappelant que la souveraineté agricole du Sénégal passera aussi par la relance durable de ses filières industrielles locales.
Les prochains mois diront si cette ambition se traduira en résultats tangibles sur le terrain, mais les premiers signaux semblent indiquer que Tambacounda est bel et bien de retour sur la carte des grandes régions productrices du Sénégal.
El Faye

