Alors que le Sénégal s’apprête à entamer un nouveau round de négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), les attentes sont nombreuses. Ce rendez-vous économique de haut niveau arrive à un moment charnière : le pays est confronté à une forte pression sur ses finances publiques, tout en devant répondre aux urgences sociales et aux espoirs de changement portés par les nouvelles autorités.
Depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, l’engagement pour plus de transparence, de justice économique et de gestion rigoureuse des ressources publiques a été clairement affiché. C’est dans cet esprit que les discussions avec le FMI devront se tenir. Que peut-on attendre de ces négociations ?
1. Un retour à la clarté budgétaire
Le gouvernement devra faire le point sur la situation exacte des finances publiques : dettes intérieures, arriérés de paiement, dépenses non maîtrisées. L’objectif est de restaurer la confiance tant au niveau national qu’international.
2. Un nouveau cap pour les dépenses publiques
: Le FMI attendra des engagements forts sur la maîtrise du déficit, mais le Sénégal devra aussi défendre la nécessité d’investir dans l’éducation, la santé, l’emploi des jeunes et les infrastructures essentielles.
3. Une réforme juste des subventions
: Le débat autour des subventions sur le carburant et les produits de base sera au cœur des échanges. L’enjeu est de mieux cibler les aides pour protéger les plus vulnérables, sans creuser les déficits.
4. Un meilleur recouvrement fiscal
: Il s’agira aussi de discuter des moyens d’augmenter les recettes publiques, sans pression excessive sur les ménages et les petites entreprises. L’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre la fraude seront des pistes prioritaires.
Quelles positions peut défendre le Sénégal ?
* Refuser l’austérité brutale
: Le gouvernement peut plaider pour une approche plus progressive, tenant compte de la situation sociale du pays. Il faudra démontrer que certaines réformes doivent se faire étape par étape.
* Prendre appui sur les futures recettes pétrolières
: Le Sénégal peut proposer une trajectoire budgétaire plus souple, en lien avec les revenus attendus du gaz et du pétrole dès fin 2024. Ces recettes pourraient permettre d’alléger la pression sur les finances publiques.
* Proposer un pacte pour la transparence et la réforme
: En échange d’un accompagnement renforcé du FMI, le Sénégal pourrait s’engager sur une feuille de route claire : digitalisation de l’administration fiscale, audits des dépenses, lutte contre la corruption.
* Valoriser la transition politique comme moteur de changement
: Le changement de gouvernance en cours est un signal fort à faire valoir dans les discussions. Il témoigne d’une volonté réelle de rupture avec les pratiques du passé.
En résumé : un moment de vérité
Ce round de négociation est bien plus qu’un exercice technique. Il est une occasion de poser les bases d’une économie plus saine, plus équitable, et plus résiliente. Mais pour cela, le Sénégal devra faire entendre sa voix, défendre ses priorités sociales, et bâtir un partenariat exigeant mais équilibré avec le FMI. C’est mon intime conviction.
Babacar Sané BA
Consultant International