Résilience climatique : L’opportunité qu’offre le Programme SURAGGWA au Sénégal

Résilience climatique : L’opportunité qu’offre le Programme SURAGGWA au Sénégal

Le Sénégal a lancé ce lundi 8 décembre, le programme SURAGGWA (Scaling-Up Resilience in Africa’s Great Green Wall), un investissement régional majeur destiné à renforcer la résilience climatique des pays sahéliens. Doté d’un financement global de 222 millions de dollars, dont150 millions du Fonds Vert pour le Climat (FVC), ce programme ambitionne de restaurer massivement les terres dégradées et de soutenir les communautés rurales les plus vulnérables face aux effets du changement climatique.

La cérémonie officielle, présidée au nom du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique par M. Fodé Fall, secrétaire général dudit ministère, a réuni autorités publiques, partenaires techniques et financiers, organisations de la société civile et acteurs communautaires, tous mobilisés autour de la Grande Muraille Verte.
Le discours central de la FAO a été prononcé par Patrick Bahal’okwibale, Fonctionnaire chargé de la gestion de l’eau et des terres au Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest. Il intervenait au nom de Mme Bintia Stephen Tchicaya, Coordonnatrice sous-régionale de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest et Représentante de la FAO au Sénégal.

Un programme de transformation à l’échelle du Sahel

Devant les participants, Patrick Bahal’okwibale a rappelé que SURAGGWA couvre huit pays sahéliens : Burkina Faso, Tchad, Djibouti, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria et Sénégal. Le programme s’inscrit dans l’initiative de la Grande Muraille Verte, conduite par l’Union africaine, qui vise à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030.

« Le Sahel a connu certains des événements climatiques les plus extrêmes depuis le 20ᵉ siècle », a-t-il déclaré, soulignant la fragilité des moyens de subsistance ruraux, largement dépendants de l’agriculture pluviale. Il a dénoncé les effets conjugués de la déforestation, des feux de brousse, de la coupe illégale de bois, du surpâturage et des aléas climatiques qui « réduisent substantiellement la capacité des forêts à absorber le CO₂ et fragilisent les populations ».

Avec les financements mobilisés, SURAGGWA permettra de renforcer les capacités communautaires, de promouvoir l’agroécologie et l’agroforesterie, de développer des chaînes de valeur durables et de consolider la gouvernance environnementale. Le tout s’appuiera sur les outils techniques de la FAO, tels que Collect Earth et SEPAL, conçus pour le suivi de la restauration des terres à grande échelle.

Le Sénégal touché par une dégradation rapide des forêts

Dans son intervention, le secrétaire général Fodé Fall a rappelé l’ampleur du défi pour le Sénégal : « Entre 2005 et 2023, notre pays a perdu près de 340 000 hectares de forêts », a-t-il déclaré. Une tendance alarmante due à la pression agricole, aux feux de brousse, aux coupes irrégulières et au surpâturage.

Le Sénégal bénéficiera, dans le cadre de SURAGGWA, de la restauration de plus de 80 000 hectares, du développement de filières durables et du renforcement des capacités locales, notamment grâce au rôle stratégique de l’Agence sénégalaise de reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASERGMV).

Un long processus de collaboration enfin concrétisé

Fodé Fall est revenu sur le chemin parcouru pour élaborer SURAGGWA. Le processus a débuté avant la pandémie de COVID-19, mobilisant experts nationaux, institutions et partenaires internationaux. La crise sanitaire, puis les échanges techniques avec le Fonds Vert pour le Climat, avaient ralenti la validation du projet.

Mais les efforts conjoints ont abouti à une étape décisive : la signature officielle de la convention le 4 juillet 2025 à Dakar entre le gouvernement du Sénégal et la FAO, actant l’engagement du pays dans cette initiative continentale.

« L’atelier d’aujourd’hui constitue le point de départ de sa mise en œuvre opérationnelle », a-t-il souligné, appelant à une mobilisation collective pour garantir une exécution rigoureuse et inclusive.

Amplifier les acquis et changer l’échelle

La FAO a mis en avant son expérience dans la restauration des terres au Sénégal. Les projets Action contre la désertification, RIPOSTES et PAREC-CC ont permis de tester et d’affiner des approches efficaces :

7 300 hectares déjà restaurés dans 47 sites agrosylvopastoraux ;

5 000 hectares d’espaces communautaires boisés et 30 000 hectares sous gestion durable dans le cadre de RIPOSTES ;

Près de 2 000 hectares restaurés et la création de fermes communautaires intégrées via PAREC-CC.

Avec SURAGGWA, la FAO entend « passer à l’échelle supérieure », avec des objectifs ambitieux : 1,27 million d’hectares restaurés, 65 millions de tonnes de CO₂ séquestrées et 5,7 millions de bénéficiaires directs et indirects à l’échelle régionale.

Le secrétaire général Fodé Fall a rappelé que SURAGGWA s’intègre parfaitement dans la Vision Sénégal 2050, qui fait de la résilience climatique et de la restauration des terres des priorités stratégiques. « SURAGGWA est une occasion unique d’amplifier nos acquis, de revitaliser nos paysages et de renforcer la résilience de nos communautés », a-t-il déclaré.

Alioune Badara DIATTA

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