Ousmane Sonko plaide pour une réforme en profondeur du service public sénégalais

Ousmane Sonko plaide pour une réforme en profondeur du service public sénégalais

Le Premier ministre Ousmane Sonko a participé à une rencontre consacrée à la transformation structurelle de l’État dans le cadre du processus de réforme du service public. Une rencontre qu’il a qualifiée de « très importante », tant elle touche, selon lui, à un pilier fondamental du plan de redressement économique et social du gouvernement. « Il y a une convergence entre ce que nous faisons dans le Plan de redressement économique et social et l’Agenda national de transformation. L’un des piliers centraux, c’est le service public », a-t-il affirmé.

Pour M. Sonko, la notion de service public dépasse largement les frontières de l’administration traditionnelle. Il l’a défini comme « toute activité d’intérêt général exercée par l’administration ou sous son contrôle », soulignant que cela englobe l’ensemble de l’action publique de l’État. À ses yeux, le service public constitue un levier essentiel de la relation entre les citoyens et la République, et doit être l’un des premiers bénéficiaires de la transformation de l’État.

Il a mis en avant les priorités fondamentales à garantir par le service public : l’accès à une alimentation suffisante, à des soins de santé de qualité, à une école publique performante, à des infrastructures adéquates, à la protection sociale et à la sécurité. Il a également insisté sur l’importance de l’accessibilité aux services essentiels tels que les routes, les hôpitaux ou encore les démarches administratives.

Tout en reconnaissant certains acquis, le Premier ministre a jugé nécessaire de relativiser les performances actuelles de l’administration. « Comparés à d’autres pays africains, nous sommes au-dessus de la moyenne sur plusieurs indicateurs. Mais je préfère que nous nous comparions aux pays qui nous devancent », a-t-il dit, appelant à rompre avec les réflexes hérités de l’administration coloniale. Il a plaidé pour une nouvelle culture administrative fondée sur l’éthique, l’efficacité, la transparence et la responsabilisation.

La lutte contre la corruption a occupé une place importante dans son intervention. S’il a reconnu l’intégrité de la majorité des agents de l’État, il a dénoncé une portion non négligeable qui « choisit la facilité », avec des conséquences économiques, sociales et sécuritaires graves. Il a donné un exemple frappant : « Quand un chauffeur de véhicule donne quelque chose pour passer la visite technique, ce sont 20 morts qu’on déplore plus tard sur la route. » Il a aussi exprimé son inquiétude face à la multiplication des cas d’enrichissement suspect dans la fonction publique. « On ne peut pas devenir milliardaire en étant fonctionnaire. Pourtant, ces dernières années, ce phénomène s’est banalisé », a-t-il regretté, allant jusqu’à interroger la nature de la société sénégalaise, qu’il soupçonne d’être devenue « corruptogène ».

Évoquant les écarts de rémunération dans la haute administration, Ousmane Sonko a souligné que certains directeurs généraux gagnent jusqu’à 4,5 fois plus que le président de la République, dont le salaire est inférieur à 5 millions de francs CFA. Il a rappelé que le Premier ministre perçoit environ 4 millions et les ministres un peu plus de 3 millions. Dans cette optique de moralisation de la vie publique, il a annoncé qu’une nouvelle loi sur la protection des lanceurs d’alerte est en cours de préparation.

Le Premier ministre a également souligné la nécessité d’une réforme en profondeur de la formation initiale des agents publics et de la relation entre l’administration et les citoyens. Il a dénoncé la tendance au recrutement clientéliste au détriment des concours, qui se font de plus en plus rares. « Depuis les années 2000, nous vivons une frénésie de recrutement qui ne répond à aucun critère objectif », a-t-il déploré.

Enfin, Ousmane Sonko a insisté sur la réforme systémique de la gestion des ressources humaines, sur la nécessité d’une stratégie de marketing public, et sur une lutte résolue contre les surfacturations, véritables fléaux pour les finances publiques, au détriment des services essentiels attendus par les citoyens.

el faye

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