Ces derniers jours, la recrudescence des attaques terroristes visant les biens et services essentiels au Mali qu’il s’agisse de véhicules citernes incendiés ou de barrages de police attaqués traduit une volonté manifeste de fragiliser l’État et de semer l’insécurité dans la population. Ces actes répétés risquent non seulement d’amplifier la crise sécuritaire, mais aussi de provoquer un ralentissement économique aux conséquences sociales profondes. Face à cette situation, il devient urgent pour l’exécutif de mettre en place une réponse globale et adaptée aux réalités du terrain.
La question d’un dialogue avec les acteurs qualifiés d’« entrepreneurs du chaos » mérite une réflexion stratégique. Refuser tout échange peut prolonger la spirale de violences, tandis qu’accepter d’ouvrir certains canaux de discussion, notamment via les leaders religieux et communautaires, pourrait permettre d’explorer des pistes de désescalade. Cette démarche, si elle est menée avec prudence et sous conditions strictes, ne viserait pas à légitimer ces acteurs mais à réduire les capacités de nuisance et à protéger les populations civiles.
Dans ce contexte, la communication gouvernementale revêt une importance capitale. L’absence de messages clairs et rapides, adaptés aux différentes langues nationales, alimente les rumeurs et favorise la propagation de fausses informations, souvent plus déstabilisantes que les attaques elles mêmes. Il serait judicieux de mettre en place une cellule de communication de crise, capable de fournir des informations vérifiées et multilingues, en s’appuyant sur des relais de proximité tels que les radios locales, les réseaux sociaux officiels et les leaders coutumiers et religieux. Cela permettrait de rassurer les populations et de restaurer la confiance envers l’État.
Enfin, l’exécutif gagnerait à prendre des mesures économiques immédiates pour atténuer l’impact des attaques sur les acteurs économiques. La mise en place d’un fonds d’urgence en faveur des transporteurs et commerçants touchés, la sécurisation prioritaire des corridors commerciaux stratégiques, ainsi que la promotion de partenariats public-privé pour maintenir la fluidité des services essentiels, constituent des actions urgentes. De telles initiatives contribueraient à renforcer la résilience nationale et à montrer que l’État demeure aux côtés de ses citoyens dans cette épreuve.
Diallo Amadou
Spécialiste en Relations Internationales et Co-fondateur du Cabinet Intégré en Relations Internationales