La scène politique sénégalaise est secouée par une nouvelle affaire judiciaire impliquant un haut responsable politique. Moustapha Diop, économiste de formation, ancien ministre et actuel député, se trouve au cœur d’une procédure de levée de son immunité parlementaire. La Commission des Lois de l’Assemblée nationale est convoquée ce mercredi 12 mars 2025 pour examiner une demande des autorités judiciaires, soulevant des interrogations majeures sur l’impartialité et l’objectivité de la justice dans un contexte politique sous tension.
Moustapha Diop n’est pas un inconnu sur la scène politique sénégalaise. Après un parcours universitaire solide en économie et finance en France, il revient au pays en 2007 et intègre la Caisse des Dépôts et Consignation en tant qu’analyste financier. Son ascension est rapide : en 2011, il est nommé Administrateur du Fonds National de l’Entrepreneuriat avant d’entrer au gouvernement en 2014 en tant que Ministre délégué chargé de la Microfinance et de l’Économie Solidaire. En 2017, il obtient le portefeuille de Ministre de l’Industrie et de la Petite et Moyenne Industrie. Parallèlement à ses fonctions ministérielles, il est également maire de Louga, sa ville natale.
Une affaire judiciaire aux multiples zones d’ombre
La demande de levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop fait suite à une requête du Pool judiciaire financier. Il est cité dans l’affaire dite « Tabaski Ngom », du nom d’une ancienne agent-comptable de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE), accusée de détournement de fonds publics à hauteur de 700 millions de francs CFA. Selon les accusations, cette somme aurait été remise à crédit à Moustapha Diop pour financer sa campagne aux législatives de 2024. Toutefois, l’affaire présente des irrégularités notables : aucune reconnaissance de dette ni aucun document officiel ne viennent étayer les allégations de Tabaski Ngom.
Un précédent politique et judiciaire
La levée de l’immunité parlementaire n’est pas un acte anodin dans une démocratie. Si elle est essentielle pour garantir que les élus rendent des comptes, elle ne doit pas être exploitée comme un instrument politique. Au Sénégal, plusieurs figures politiques ont déjà été visées par des procédures similaires, soulevant des interrogations sur l’équité du traitement judiciaire entre adversaires et proches du pouvoir.
Dans ce contexte, certains observateurs s’interrogent. Cette affaire est-elle une véritable quête de justice ou un moyen de neutraliser un acteur politique influent ? La récurrence des levées d’immunités parlementaires dans le paysage politique sénégalais pose la question de l’indépendance de la justice et du respect des principes d’équité. L’opinion publique, souvent divisée sur ces questions, attend avec intérêt l’issue de cette procédure.
Un tournant pour Moustapha Diop ?
L’avenir politique de Moustapha Diop pourrait être en jeu. Si la levée de son immunité est votée, il devra répondre des accusations devant la justice, ce qui pourrait affaiblir sa carrière et son influence à Louga comme au niveau national. Inversement, si son immunité est maintenue, l’affaire pourrait être perçue comme une tentative infructueuse de le discréditer.
Ce dossier met en lumière un dilemme central. Comment assurer une justice impartiale tout en évitant que des instruments législatifs, tels que la levée de l’immunité, ne deviennent des armes politiques ? Dans une démocratie saine, l’équilibre entre responsabilité publique et protection légale est essentiel pour éviter tout risque d’arbitraire.
L’examen du projet de résolution par la Commission des Lois marquera une étape décisive dans cette affaire. Quel que soit le verdict, une chose est certaine : Moustapha Diop se trouve à un moment critique de son parcours politique. Le début de la fin ou une simple épreuve politique ? L’avenir nous le dira.
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