À l’heure actuelle ,le football mondial génère directement plus de 100 milliards de dollars par an, gagne chaque jour en popularité et s’impose, partout, comme une véritable question nationale. Par conséquent, le choix des dirigeants d’une fédération ne saurait être pris à la légère. Faute d’exigence dans ce processus, la gestion du football peut devenir un vecteur de frustrations, traversant les différents compartiments de la société et engendrer une désunion regrettable
S’agissant du président d’une fédération, il est vrai que le vote appartient aux associations sportives. Toutefois, cette autonomie n’exclut en rien une forme de régulation ou de vigilance institutionnelle.
Il existe, de fait, un avis de non-objection implicite mais réel concernant le choix de celui ou celle qui devra porter le destin du football national.
Il serait naïf de croire qu’un candidat peut sérieusement prétendre à ce poste sans appui institutionnel. L’expérience montre que celui qui bénéficie du soutien de l’État a une probabilité bien plus élevée de succès que celui qui s’y aventure seul. Il est donc essentiel que les candidats prennent le soin de dialoguer en amont avec les autorités, afin de mieux gérer les équilibres avant et après l’élection.
Que doit incarner un président de fédération ?
Le poste ne peut être confié à un amateur de circonstance ou à un gestionnaire désincarné. Il exige un profil fort, légitime, fédérateur.
Un président de fédération, pour être à la hauteur, devrait selon moi :
-Etre capable de mettre en place une véritable administration fédérale en forte synergie avec les élus pour un pilotage normé et efficace;
-Disposer d’un solide réseau au sein de la CAF et de la FIFA ;
-Être d’une intégrité irréprochable ;
-Maîtriser les mécanismes de mobilisation de fonds, dans un environnement où les ressources publiques ne peuvent tout porter ;
-Connaître intimement le football, depuis les petites catégories jusqu’aux compétitions d’élite ;
-Avoir une vision stratégique articulée autour de la performance, de la structuration des clubs, de la formation et des infrastructures ;
-Être capable de conduire une véritable politique de territorialisation, pour un développement équilibré du football sur l’ensemble du territoire ;
-Être une personnalité calme, mais dotée d’une intelligence vive et d’un leadership naturel ;
-Savoir faire la part des choses entre pilotage stratégique et décisions techniques ;
-Développer une complicité fluide et authentique avec tous les constituants de l’écosystème footballistique national ;
-Avoir de la prestance, du style, du fond et de la forme ;
-Éviter les discours vides, complexes ou manipulateurs ;
-Etre capable de rendre compte à la tutelle selon les termes de la délégation de pouvoir tout en veillant au principe d’autonomie à l’aune des dispositions de la FIFA et du Comité International Olympique(CIO)
-Et surtout, être à l’abri du besoin, pour ne pas être tenté d’instrumentaliser le poste à des fins personnelles.
Bref, le football mérite mieux que le copinage !
Le football est trop structurant, trop passionnant, trop puissant pour être réduit à un vote de circonstance ou de complaisance. Il doit être guidé par des critères objectifs, clairs et rationnels.
Car une mauvaise élection peut déboucher sur une chorégraphie fade, un vide de sens et une déception collective.
Nous ne devons plus revivre la désillusion de 1986, quand tout un peuple, à l’unisson, avait pleuré à chaudes larmes — des larmes dont les séquelles demeurent, malgré notre magnifique première étoile conquise en 2022.
Le moment est venu de poser des critères clairs, de remettre la raison au cœur du jeu et de redonner au football sénégalais la direction qu’il mérite.
Nous sommes tous concernés et n’oublions jamais la médiane à tracer entre autonomie du mouvement sportif et co-gestion avec l ‘Etat .
Sportivement
Dr Papa Abdoulaye Seck
Militant du sport