Les États-Unis ont annoncé, mardi, leur décision de se retirer de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’ici la fin de l’année 2026. Washington reproche à l’agence onusienne basée à Paris un parti pris contre Israël ainsi qu’une promotion de causes jugées « clivantes ». Il s’agit du troisième retrait américain de l’organisation en quarante ans, après ceux de 1984 sous la présidence de Ronald Reagan, puis de 2018 sous Donald Trump.
Ce nouveau désengagement intervient à peine deux ans après le retour des États-Unis au sein de l’UNESCO, sous l’impulsion de l’administration Biden. Cette réintégration, censée renforcer la présence américaine dans les instances multilatérales, n’aura donc été que temporaire. Le gouvernement américain, par la voix de la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, justifie cette décision par une divergence idéologique profonde. « La ligne actuelle de l’UNESCO est incompatible avec la politique étrangère ‘America First’ », a-t-elle déclaré. Parmi les griefs majeurs figure l’admission de l’État de Palestine en 2011, une décision que Washington considère comme « hautement problématique ».
La directrice générale de l’UNESCO, la Française Audrey Azoulay, a exprimé son « profond regret » face à cette annonce. Elle a cependant souligné que l’organisation s’était préparée à cette éventualité : « La contribution américaine représente 8 % du budget total, soit environ 75 millions de dollars. Nous sommes protégés sur le plan budgétaire, mais cette décision aura des conséquences. » En réponse aux accusations de partialité, elle a tenu à rappeler les engagements forts de l’organisation, notamment en matière d’enseignement de la Shoah et de lutte contre l’antisémitisme.
La décision américaine a suscité des réactions contrastées à l’international. Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé son « soutien indéfectible » à l’UNESCO, saluant son rôle essentiel dans la préservation du patrimoine et la promotion des droits culturels et éducatifs. Plusieurs autres partenaires internationaux ont également exprimé leur attachement à l’organisation et déploré ce retrait.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a, pour sa part, salué la décision de Washington, qu’il a qualifiée de « mesure nécessaire » face à la politisation croissante des instances onusiennes. Israël avait lui aussi quitté l’UNESCO en 2018, dénonçant notamment l’inscription de la vieille ville d’Hébron au patrimoine mondial en danger, décision alors perçue comme hostile par l’État hébreu.
Malgré ce retrait annoncé, les États-Unis resteront membres du Comité du patrimoine mondial, ce qui leur permet de conserver une certaine influence dans la désignation et la gestion des sites culturels majeurs à travers le monde. L’UNESCO, qui a su réduire sa dépendance financière à l’égard de Washington ces dernières années, devra toutefois ajuster ses stratégies de financement pour faire face à cette nouvelle donne.
Audrey Azoulay a conclu en laissant la porte ouverte à un éventuel retour américain d’ici 2026. « Rien n’est figé. Le dialogue demeure possible », a-t-elle assuré, espérant un revirement dans les prochains mois.
el faye