Une page importante de l’histoire militaire du Sénégal se tourne ce jeudi avec la cérémonie officielle marquant la fin de la présence des forces armées françaises sur le territoire national. L’événement se tient au camp Geille de Ouakam, à Dakar, en présence du Général de corps d’armée Mbaye Cissé, chef d’état-major général des Armées sénégalaises. La cérémonie a débuté à 9 heures avec une prise d’armes, suivie des allocutions du Général de division Pascal Ianni, commandant français pour l’Afrique, et du Général Cissé.
Ce retrait symbolique s’accompagne de la restitution des deux dernières et plus importantes emprises militaires françaises : le camp Geille et l’escale aéronautique militaire située à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. Ces restitutions font suite à celles, déjà effectuées, de la station d’émission interarmées de Rufisque, des emprises Maréchal et Saint-Exupéry (le 7 mars), ainsi que du quartier Contre-Amiral Protet (le 15 mai).
La fin de cette présence militaire s’inscrit dans la volonté clairement affirmée des nouvelles autorités sénégalaises, installées au pouvoir en mars 2024, de mettre un terme à toute présence militaire étrangère sur le sol national à l’horizon 2025. Cette décision a été prise dans le respect des dispositions du traité de partenariat en matière de coopération militaire, signé entre la France et le Sénégal le 18 avril 2012.
Pour organiser ce retrait, une commission conjointe franco-sénégalaise a été mise en place le 12 février 2025. Elle a notamment planché sur le calendrier et les modalités de la restitution des emprises, et s’est réunie le 16 mai pour réfléchir à un nouveau cadre de coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité, aboutissant à ce retrait ordonné et concerté.
La présence militaire française au Sénégal, qui s’étend sur plus de six décennies, a connu plusieurs évolutions. À la suite de l’indépendance, un accord de défense signé en 1960 avait jeté les bases d’un système de défense commune et d’assistance mutuelle. À partir de 1974 et jusqu’en 2011, les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV), fortes d’environ 1 600 militaires, étaient chargées de la défense de l’intégrité territoriale du Sénégal, tout en menant des actions de coopération civilo-militaire.
En 2011, les FFCV ont été remplacées par les Éléments français au Sénégal (EFS), avec un effectif réduit à environ 350 militaires. Le rôle de ces éléments s’est alors recentré sur des missions d’état-major, de formation et d’appui technique, dans une logique de coopération régionale couvrant l’ensemble de l’espace CEDEAO et la Mauritanie. La défense du territoire sénégalais, quant à elle, était désormais entièrement assurée par les forces armées nationales.
L’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024 a marqué un tournant décisif. Dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2024, il avait annoncé la volonté du Sénégal de redéfinir sa doctrine de coopération en matière de défense, en mettant fin aux bases militaires étrangères sur son sol. Cette volonté politique forte prend aujourd’hui une forme concrète, avec la clôture officielle d’un chapitre de l’histoire sécuritaire du pays.
el Faye