Lors de sa visite officielle aux États-Unis, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a participé à une rencontre cruciale, bien que moins médiatisée, au siège de la Chambre de commerce américaine. Cette étape, éclipsée par sa rencontre très commentée avec l’ancien président Donald Trump, pourrait s’avérer déterminante pour l’avenir économique du Sénégal, marquant un tournant significatif dans la stratégie de diplomatie économique du pays.
Devant une trentaine de dirigeants de grandes entreprises américaines, le président Faye a exposé une vision souveraine du développement. Son message était clair : investissements productifs, coopération équitable et création d’emplois durables. Il a insisté sur le fait qu’un secteur privé stable et transparent est un moteur puissant de croissance. « Le Sénégal est un pays démocratique, stable, avec une gouvernance que nous rendrons toujours plus transparente pour attirer des investissements à fort impact », a-t-il déclaré.
Le président Faye a détaillé les réformes structurelles en cours, incluant la révision des codes des investissements, des douanes et des impôts. Il a également mis en avant les efforts pour rationaliser les procédures administratives et améliorer globalement le climat des affaires. Ces mesures visent à établir un cadre propice aux investissements à long terme et à forte valeur ajoutée.
Lors de cette table ronde de haut niveau, le président Faye a souligné le potentiel attractif du Sénégal dans plusieurs secteurs clés : l’énergie (particulièrement les énergies renouvelables), l’agro-industrie, les infrastructures durables, l’économie numérique, et l’exploitation responsable des ressources naturelles. Il a cité en exemple les projets en cours avec la société américaine Kosmos Energy dans le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, partagé avec la Mauritanie, ainsi que dans le développement du champ Yakaar-Teranga, comme des partenariats réussis.
Le président sénégalais a également invité les entreprises américaines à explorer les ressources minières stratégiques du pays, telles que le fer, l’or, le zircon, le phosphate et l’uranium. Il a exprimé sa volonté de rompre avec les modèles d’aide traditionnels, préférant une approche basée sur la réciprocité. « Vous avez l’expertise et les moyens ; nous avons les opportunités. Faisons un deal ! » a-t-il lancé avec pragmatisme, faisant écho à la doctrine américaine du « Trade, not Aid ».
En réponse à cette vision claire et ambitieuse, la Chambre de commerce des États-Unis a annoncé la publication prochaine d’un guide d’investissement spécialement consacré au Sénégal. Ce document, destiné aux investisseurs américains, présentera les opportunités du marché sénégalais et les procédures d’implantation dans un environnement désormais mieux balisé.
En marge de cette rencontre, le président Faye s’est également entretenu avec Christopher Landau, Secrétaire d’État adjoint et président du conseil d’administration de la U.S. International Development Finance Corporation (DFC), une institution américaine majeure dédiée au financement du développement international. M. Landau a salué l’approche sénégalaise axée sur la stabilité, la transparence et l’inclusion, et a exprimé la volonté de la DFC de soutenir les projets sénégalais à fort impact socio-économique.
Une Diplomatie
Toutes ces initiatives s’inscrivent dans la stratégie nationale définie par le gouvernement sénégalais à travers son plan stratégique 2024-2035 et son plan quinquennal 2025-2029, tous deux essentiels à la mise en œuvre de la « Vision Sénégal 2050 ». Cette vision ambitionne de positionner le Sénégal comme un hub économique incontournable en Afrique de l’Ouest, tout en consolidant sa souveraineté économique.
« Le Sénégal est prêt à parler d’égal à égal avec ses partenaires », a conclu le président Faye, invitant les entreprises américaines à participer activement au prochain Forum Invest in Senegal, prévu les 7 et 8 octobre 2025 à Dakar.
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