Le changement climatique constitue aujourd’hui la plus grande menace pour le développement en Afrique. Ses impacts touchent de manière disproportionnée les pays les plus pauvres du continent, aggravant d’autres facteurs de fragilité. L’Afrique est ainsi la région du monde la plus exposée aux effets du changement climatique, tout en étant la moins résiliente et la moins préparée pour y faire face. Pourtant, le continent dispose de vastes paysages forestiers capables de capter des quantités importantes de carbone, ainsi que de ressources stratégiques susceptibles de stimuler une croissance verte inclusive et d’améliorer l’accès à une énergie propre pour des millions de ménages. Soutenir l’action climatique en Afrique n’est donc pas seulement un impératif continental, mais également un enjeu crucial pour la lutte mondiale contre le réchauffement.
Malgré cette importance, l’Afrique subsaharienne ne reçoit actuellement que moins de 3 % du financement climatique mondial. Les pays appuyés par le Fonds africain de développement (FAD), le guichet de prêts concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement, figurent parmi les plus vulnérables et sont fortement affectés par les conflits. Ils font face à un déficit de financement climatique estimé à près de 60 milliards de dollars par an. Si ce manque n’est pas comblé, ils ne seront pas en mesure de mettre en œuvre leurs plans nationaux d’adaptation ni de respecter leurs Contributions déterminées au niveau national prévues par l’Accord de Paris.
Pour contribuer à résorber cet important déficit, le Fonds africain de développement a créé un Guichet d’action climatique lors du 16ᵉ cycle de reconstitution de ses ressources. Ce mécanisme mobilise de manière proactive des partenaires publics et privés afin d’accélérer son opérationnalisation. Les ressources mobilisées seront réparties entre trois volets : une large majorité destinée à financer les mesures d’adaptation prioritaires du continent, une part consacrée à l’atténuation, et une dernière dédiée à l’assistance technique. Les financements pour l’adaptation et l’atténuation soutiendront des projets dans des domaines essentiels tels que l’agriculture et la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique, les systèmes d’information climatique et d’alerte précoce, les infrastructures et transports écologiques, l’énergie propre et l’efficacité énergétique, ainsi que la finance verte. L’assistance technique permettra pour sa part d’accompagner les pays dans l’élaboration de politiques climatiques nationales, dans l’amélioration de l’environnement des investissements verts et dans la préparation de projets bancables.
Le Guichet d’action climatique se distingue par trois caractéristiques majeures. Il renforcera d’abord la capacité des pays africains à faible revenu à accéder à des financements climatiques de qualité provenant de sources existantes. Il consacrera ensuite la majeure partie de ses ressources à l’adaptation, un domaine prioritaire pour l’Afrique. Enfin, il intégrera une composante importante de dons, limitant ainsi les risques de surendettement liés aux investissements climatiques dans les pays les plus fragiles.
El Faye

