L’alchimie de l’exact et de l’aléatoire
Le football est souvent perçu comme une discipline aléatoire pleine d’incertitude. Pourtant, chaque match, chaque trajectoire dans une compétition, chaque choc qui sent le soufre et répond à une logique matricielle implacable. Il semble être une science exacte de par la préparation de la bio mécanique des acteurs suivi par des spécialistes multidisciplinaire où le terrain devient un laboratoire de mécanique et de dynamique humaine appliquée.
Cependant, cette rigueur scientifique se heurte à la variable dite humaine. L’homme est le paramètre stochastique du système : un défaut de concentration, une chute ou baisse de tension nerveuse ou un simple manque d’attention ou de placement agissent comme des perturbations dans un système ou bloc équipe qui se veut ailleurs ordonné et monolithique. Une erreur, aussi infime soit-elle, peut devenir fatale par un effet de rupture, sans pour autant invalider la structure globale du jeu. C’est dans cette faille, entre la précision des algorithmes et le caractère aléatoire de l’émotion, qui fait la magie du football: rien n’est impossible dans l’équation d’un match de football.
Ce texte empruntant n’est inspiré par la CAN et se propose d’utiliser les termes utilisés en mathématique, physique, statistique, dynamique, cinétique.
Le Maroc a repris l’organisation de la compétition, en lieu et place de la Guinée. Sur les 54 équipes engagées, 24 pays ont franchi le seuil des éliminatoires. Cette sélection ou décantation pour ne retenir que les plus performants, opérée au sein d’ensembles comprenant des têtes de série, transforme chaque match en une équation à résoudre.
La passion et la fusion : Le réactif catalytique
Le football déchaîne les passions, comme en atteste cette marée humaine déferlante sur le territoire marocain. On observe une véritable fusion entre les joueurs et les supporters : un transfert d’énergie où le public agit comme un réactif catalytique.
Dans les résidences, les transports publics et les gradins, le gradient de température émotionnelle monte, créant une fusion catalysée par les chants guerriers rythmés par les instruments de musique. Tout est réuni pour catalyser la prouesse et la performance des joueurs jusqu’à leur limite, pour l’extase finale.
Géométrie et statique du terrain
Le jeu s’inscrit dans un périmètre normé, un plan délimité par des points critiques : les quatre angles de corner, les points de penalty et la ligne médiane. Avant le coup d’envoi, un tirage au sort définit les conditions initiales, chaque équipe ayant une probabilité de 0,5 de choisir son camp. La stratégie repose sur un dosage précis des forces et faiblesses de chaque joueur et l’adoption d’un plan tactique variable selon l’adversaire pour maintenir l’équilibre du bloc: l’équilibre étant une force même dans le mouvement.
De la balistique et de la dynamique
La transmission du ballon est une étude de la cinématique. Dès la réception, le joueur imprime une vitesse initiale au ballon. Durant sa trajectoire, ce dernier subit la résistance de l’air — une force de traînée et de frottement — qui diminue progressivement sa vélocité. D’où l’importance de la vitesse initiale, de l’angle de passe ou de tir pour atteindre la cible à un point précis.
Sous l’effet d’une rotation sur son axe, le ballon décrit une courbe avec sa force latérale (l’effet Magnus) et le ralentissement en basse pression (Bernoulli) vers comme les tirs de Roberto Carlos. Lors de sa phase ascendante, il lutte contre la gravité jusqu’au maximum de la courbe. À la descente, il accélère selon l’angle d’incidence. Le ballon peut soit glisser sur une pelouse humide (faible coefficient de frottement, accélération de la vitesse), soit rouler en transférant son moment cinétique.
L’objectif est de saturer l’aire de réparation de tirs tendus à corréler avec la puissance et la force de frappe. Une haute fréquence de tirs est un indicateur de domination dans les statistiques. Le public veut de la vitesse, des roulements, des pivotements comme appuis, des rotations, des pichenettes, des Panenkas, des Madjer, des petits et grands ponts, des dédoublements, des duels etc. Ces panoplies de techniques est la résultante d’un travail individuel mais aussi collectif effectué avec une répétition pendant des heures modeler le corps de ces athlètes
Le ballon sur la barre transversale, sur le poteau, sur l’équerre ou sur le gardien en détente horizontale ou oblique pour dévier la trajectoire du ballon par un claquette (Lew Yatchine, Gordon Banks, Thomas Nkono, Cheikh Seck, Édouard Mendy…) ou le retour en force d’un élément stabilisateur de la défense pour le sauvetage à la Frantz Beckenbauer.
ou Paulo Maldini engendrent une vibration sonore sortie en choeur des poumons des supporteurs amplifiant leur résonance émotionnelle et celle physique des travées.
Cinétique des chocs et biologie
Le positionnement des joueurs dépend de paramètres comme leur puissance, leur vitesse, leur détente et leur impulsion verticale, ainsi que leur capacité à être en apesanteur d’équilibre parfaite pendant quelques fractions de seconde à la Christiano Ronaldo ou Pelé.
Les joueurs disposent d’une masse musculaire optimale pour contenir les chocs élastiques avec la quantité de mouvement associée. Les techniciens surveillent le métabolisme pour optimiser la masse. Sur le terrain, les joueurs subissent des poussées et des chocs élastiques sans trop de perte d’énergie. La résistance des tissus et la gestion de l’énergie cinétique sont cruciales pour éviter la rupture, en analogie avec la résistance des matériaux.
Transition et rupture de la symétrie
La surprise vient de la vitesse d’exécution dans les phases de transition en équipe avec des contres ou en singleton à la Diégo Maradona ou Lionel Messi solides sur leurs appui avec leur centre de gravité en bas . L’objectif est de briser les lignes, les blocs et la symétrie adverses, de créer une rupture de densité, de fluidifier le jeu et d’exercer une pression pour provoquer des fautes, quelles que soient les conditions de température et de pression.
In fine, un but est la dérivée des fonctions de l’ensemble et le buteur est le « dynamiteur » qui déclenche des ondes vibratoires fusionnelles agissant comme un aimant captant les téléspectateurs à travers le tube cathodique ou les smartphones par la magie du numérique.
Validation statistique
Les statistiques et les algorithmes avec les puces sur les équipements montrent les performances : distance parcourue par un élément de l’équipe ou l’ensemble des joueurs, le pourcentage du temps de possession, le taux de réussite des passes et les probabilités de buts.
Au sifflet final, seule une seule grandeur demeure, la victoire intégrale.
Tanger, le 31 novembre 2025.
Moustapha Niang
Polytechnicien

