La Coopération USA-Afrique : Au-delà des Chefs d’État

La Coopération USA-Afrique : Au-delà des Chefs d’État

La perception mutuelle de la coopération et du partenariat entre les États-Unis et les nations africaines est souvent source de malentendus. En Afrique, nous avons tendance à voir l’Amérique comme un bloc fédéral monolithique, dirigé par un chef d’État unique qui gère les relations internationales. À Washington, cependant, l’Afrique est parfois perçue comme un continent composé d’États (à l’image des États américains) dont les chefs d’État agiraient davantage comme des gouverneurs, ayant délégué à un État fédéral des responsabilités clés telles que la défense, la sécurité nationale et la diplomatie internationale.

Cette divergence de perception est compréhensible : d’un côté, un État fédéral puissant comme les États-Unis, de l’autre, 54 États africains jouissant chacun de leur indépendance et de leur autonomie. La coopération serait sans doute moins biaisée si les différents États américains (leurs « gouverneurs ») pouvaient interagir directement avec les États africains. Cependant, les réalités politiques sont telles que seul le parrainage présidentiel américain, comme celui de Donald Trump, et l’aval de l’État fédéral peuvent réellement authentifier ces relations.

Beaucoup ont jugé déséquilibrée la rencontre entre le président américain et les chefs d’État africains, précisément parce qu’ils ne saisissent pas toujours cette nuance et la nécessité d’exploiter les opportunités de coopération qui s’offrent à nos pays. Pour être efficace, la coopération avec les États-Unis devrait cibler les priorités et les opportunités spécifiques à chaque État africain.C’est là que la question cruciale se pose : quelle forme de coopération envisager avec les 52 États américains, chacun ayant des réalités différentes et des besoins variés en matière de partenariat avec l’Afrique ? La réponse à cette interrogation aiderait sans aucun doute le président américain à mieux cibler une coopération qui tienne compte de la réalité politique complexe.

Il nous incombe donc de comprendre les enjeux et de mesurer les conséquences immédiates et futures d’un événement aussi significatif que la rencontre entre le président américain et les cinq chefs d’État du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Libéria, de la Mauritanie et du Sénégal. Les poignées de main, les séances photo et les messages échangés attestent de l’existence de réels besoins de partenariat. L’Afrique ne doit pas rester en marge de ce rendez-vous du donner et du recevoir.

Sous ce rapport, la rencontre de Washington pourrait être perçue comme une rupture importante par rapport aux précédentes. D’abord par son format (ciblage des Chefs d’État), ensuite par son contenu pragmatique (discours sobres, précis et pragmatique s), enfin par l’echos instantané que l’opinion en a du fait du numérique qui élimine les relais parasites. C’est donc une nouvelle forme de partenariat qui semble s’instaurer au-delà des dispositif classiques portés par les départements des affaires étrangères et les représentations diplomatiques.

Mamadou KASSÉ

Journaliste et Formateur

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