LA CHRONIQUE DE MLD: L’Afrique s’aligne au foot- Business

LA CHRONIQUE DE MLD: L’Afrique s’aligne au foot- Business

Une coupe d’Afrique des nations (CAN) tous les 4 ans, il fallait s’attendre à voir un tel couperet tomber tant le football africain n’existe et ne dispose d’une visibilité que par la grâce de la toute- puissante FIFA essentiellement contrôlée par les Européens.


En vérité, ceux qui poussent des cris d’orfraie sont dans leurs bons droits mais ils sont quelque part dans l’émotion. La réalité étant plus froide.
Avec cette CAN tous les quatre ans à partir de 2028 peut-on parler d’une mise à mort du football africain ? Non, ce serait exagéré d’analyser de la sorte. Le problème c’est que c’est l’aspect festif de la CAN qui va perdre son âme. À prendre ou à laisser. Ce qui se passe dans le football c’est exactement la fidèle traduction des rapports de force et autres jeux d’intérêts qui gouvernent le monde dans le domaine stratégique et vital de l’économie. L’Afrique ne compte pour près de 3% du Pib mondial. Pis, elle ne transforme point ses immenses ressources naturelles. Donc elle ne produit pas de valeur ajoutée et reste à la périphérie de la science et des innovations technologiques.


Il était donc écrit quelque part que le football n’échappera jamais à cette logique commerciale d’autant qu’elle a fini depuis Mathusalem de se cantonner strictement aux enjeux sportifs. Le football- Business est plus que jamais le moteur d’un écosystème sportif international bien huilé qui en a d’ailleurs fait le sport-roi avec des navires- amiraux comme la Coupe du monde, la Coupe d’Europe des nations ou encore la Premier League anglaise, la Liga espagnole et un peu le Calcio italien.


Et puis, il ne faut pas occulter le parcours de l’actuel visage du football africain. Patrice Motsepe est aujourd’hui le plus grand milliardaire sud- africain…Autrement dit, cette première fortune de la nation arc-en-ciel qui a trouvé son filon dans les mines sait comment trouver du pognon pour repositionner l’Afrique.
C’est également connu qu’il se comporte littéralement comme un véritable suppôt d’un Gianni Infantino qui l’aurait imposé à la tête de la CAF. Disons clairement que depuis l’avènement de Motsepe, l’instance faîtière du football africain est sous coupe réglée.
Un profil comme le regretté Issa Hayatou aurait sûrement fait de la résistance face à cette décision unilatérale d’une CAN tous les quatre ans.
Faudrait-il le rappeler, la CAN est organisée tous les deux ans depuis 1968.
Donc dès 2028, elle va être organisée tous les 4 ans au même titre que l’Euro et les autres grandes compétitions internationales comme la Copa America et surtout la Coupe du monde.


Pourquoi sentir le besoin de mettre fin de façon intempestive à cette exception africaine ?


C’est triste. La CAN exaltait et vivifiait jusque-là la respiration africaine. Elle permet à ce continent sous-estimé et peu valorisé de développer son soft-power tous les deux ans. Tous les Africains s’y retrouvent d’autant que c’est l’une de leurs plus grandes expositions en connection avec la planète.
Déplacer la CAN pour l’organiser tous les 4 ans c’est quelque part profaner l’âme du foot continental.
Mais l’Afrique n’a pas le choix d’autant qu’il s’agit d’une opération savamment planifiée par les stratèges du foot- Business davantage préoccupés par les intérêts des riches clubs européens qui fournissent l’essentiel du contingent de ces joueurs africains qui assurent le spectacle de la plus grande compétition sportive africaine.


De toute façon, l’UEFA qui contrôle pratiquement la FIFA, n’a jamais vu la CAN d’un bon œil. Elle a toujours mis des bâtons dans les roues des sélections africaines avec plusieurs restrictions imposées ici et là pour décourager ces braves professionnels qui tiennent à la CAN et à la coupe du monde en vue de briller et taper dans l’œil des sergents- recruteurs. Tenez, la FIFA s’est même permis le luxe d’accorder aux puissants clubs européens de retenir les joueurs pros africains jusqu’à une semaine du démarrage de la CAN marocaine. La logique est claire : Qui paie commande. Et tant que l’Afrique restera un continent lilliputien sur le plan économique, il en sera ainsi dans les domaines sportif, géopolitique et geostratégique…


L’Afrique, considérée comme la dernière roue de la carosse en raison de son faible poids économique, part battue d’avance dans tous les espaces de négociations de l’avenir du football. Infantino infantilise Motsepe et l’Afrique du football par ricochet. La FIFA n’a besoin de notre cher continent que pour user et abuser de son important réservoir de votants( 54 pays) au moment des joutes épiques pour l’élection et le contrôle de l’instance faîtière qui assure la gouvernance du football mondial. Et puis, faudrait-il le rappeler, la FIFA est une grosse machine. Son Président est quasiment plus puissant que les chefs d’Etats des pays africains pris individuellement. C’est une réalité geostratégique dont abuse visiblement Gianni Infantino.

Par Mamadou Lamine DIATTA

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