L’analyse de vingt ans de croissance urbaine de Dakar permet d’établir différentes trajectoires d’aménagement de la métropole d’ici à 2050.
Chaque année, la population de Dakar doit faire face au même scénario catastrophe : des pluies extrêmes, entrainant des inondations aux répercussions humaines et matérielles désastreuses. Si la récurrence de ces catastrophes urbaines est souvent expliquée par la forte intensification des épisodes pluvieux de ces dernières années, la question d’une croissance démographique « incontrôlable » est elle aussi pointée du doigt. Et dans le cas des villes ouest-africaines comme Dakar, c’est généralement l’habitat de la population urbaine la plus pauvre qui est mis en cause. Cette dernière est considérée comme responsable de son propre malheur, s’étant installée de manière irrégulière dans des zones dites à risque d’inondations.
« Il serait pourtant intéressant d’inverser la réflexion : pourquoi les pouvoirs publics ont-ils laissé des populations s’installer dans des zones identifiées à risque ? Respectent-ils et font-ils respecter les règles qu’ils fixent eux-mêmes ? », s’interroge Anastasie Mendy, géographe maître de conférences à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal ».
Une croissance urbaine soutenue
Entre 2001 et 2021, la région de Dakar a connu un doublement de son empreinte urbaine. Certains départements sont aujourd’hui quasiment saturés, comme à Dakar-centre, où 76 % de la surface est occupée par des immeubles, des habitations, des équipements, des infrastructures ou des bâtiments industriels ou commerciaux.
2 % de taux de croissance annuelle de l’empreinte urbaine dans la région de Dakar entre 2001 et 2021

Une ville naturellement inondable
Les caractéristiques du sol de la métropole de Dakar déterminent des zones vulnérables aux inondations. En plus d’une topographie basse qui favorise les entrées maritimes, l’analyse de la nature des sols démontre que 57 % sont hydromorphes, c’est-à-dire régulièrement saturés d’eau. Ainsi, la nappe phréatique remonte en moyenne de 15 cm par an à Dakar.
57 % de sols hydromorphes sur toute la Région de Dakar

Les caractéristiques des sols ignorées
Le département de Rufisque est celui dont les sols sont les plus exposés au risque d’inondations, 70 % des sols y étant hydromorphes. Or, c’est aussi le département qui connaît actuellement la plus grande croissance urbaine, avec un taux annuel de 4 %. Autre illustration du manque de prise en compte des caractéristiques du sol par les pouvoirs publics : l’aménagement du quartier de Jaxaay, prévu pour reloger les sinistrés des inondations de 2009 dans les départements de Pikine et Guédiawaye. Ironie du sort : ses habitants sont confrontés chaque année à de nouvelles inondations.
« Des eaux de ruissellement passaient dans le quartier, mais sans danger pour les populations et les habitations car elles transitaient juste vers l’autre côté. Mais depuis deux ans, on a commencé à véritablement remarquer des inondations à cause de la construction de la nouvelle route sans canalisation. Le passage naturel des eaux est désormais bloqué et les eaux débordent directement dans les maisons, occasionnant des inondations régulièrement », déplore Fatma G., 52 ans, victime des inondations de 2005 et relogée à Jaxaay.
Écoutez ce que les habitants de Jaaxay perçoivent comme raisons des inondations
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