En politique, comme dans toute entreprise humaine, la prise en compte de la réalité et de ses complexités est essentielle. Pour conduire les mutations dans l’administration de l’Etat et des affaires publiques et y apporter des changements qualitatifs perceptibles dans la vie de tous les jours, avoir raison ne suffit pas. Il faut, en plus, une pédagogie de l’action pour expliquer et convaincre ceux que l’on sert. Pour engager les citoyens à mettre en œuvre, parfois à leur corps défendant, les réformes qui peuvent transformer le présent et préparer leur Avenir, il faut savoir prendre en compte les nœuds invisibles des enjeux. Bien souvent, des intérêts particuliers et conflictuels entravent, ou ralentissent, des prises de décisions pourtant salutaires pour l’intérêt général. Il faut alors de l’habileté et de la fermeté pour impulser et conduire les changements profonds.
Dans notre démocratie sénégalaise, qui élève au rang de culte la liberté d’expression, chaque opinion cherche la singularité pour se faire valoir ! Ainsi il suffit de parler le plus fort et avec, éventuellement, des gros mots pour se faire voir et … entendre ! En conséquence, les voix les plus audibles ne sont pas les plus sensées. Et cela conduit à toutes sortes de dérives verbales qui finissent, le plus souvent, au Tribunal ! Cet état de fait n’honore pas la démocratie mais la fragilise. C’est une illusion de « liberté d’expression » qui se réduit plutôt à une tyrannie du verbe, acide et corrosif. Une sorte de terrorisme verbal qui exclut, de fait, la réflexion apaisée et constructive. L’instantanéité des réseaux sociaux, ainsi que le renouvellement permanent des contenus que cela impose, poussent à la surenchère verbale sans limites… Et c’est une course infernale au buzz qui charrie les mensonges les plus invraisemblables avec des conséquences parfois tragiques… L’actualité est assez édifiante à ce sujet.
Pourtant, et à y regarder de plus près, des plages de convergence existent, qu’il faudrait déblayer et aménager. Sans passion. La compétition politique, d’une élection à l’autre, doit laisser de la place pour des échanges, studieux et sereins, sur les meilleures stratégies à mettre en œuvre pour la prise en charge des difficultés du pays. Le dialogue politique ne doit pas se limiter à un moment solennel d’échange de civilités sur des généralités. Il doit se prolonger, et prendre corps, à travers des synergies dans la réflexion stratégique. Le dialogue politique et social doit permettre la mise en œuvre concertée de réformes ambitieuses. Pour les énoncer, toutes les compétences de la Nation, d’où qu’elles soient à travers le monde, doivent être mises à profit. Aucune exclusion, sur des bases exclusivement partisanes, claniques ou familiales, ne doit prendre le pas sur les critères de compétence et d’intégrité, d’engagement et de patriotisme.
Au demeurant, nous avions combattu et dénoncé la trahison de la promesse, pleine de sens, « la patrie avant le Parti ».
Souvenons-nous…
Les mutations en cours dans l’Ordre Mondial, imposent une nouvelle approche des priorités pour nos petits pays, potentiellement riches mais économiquement faibles. Une union sacrée autour de valeurs fortes qui enjambent les cadres étriqués de plus de 300 partis politiques, dont 14 seraient en règle, selon les informations communiquées au Président de la République, devrait permettre au Sénégal d’être le fer de lance d’une ambition sous-régionale forte : La pacification du Sahel et l’intégration, économique et politique de la zone CEDEAO sont des nécessités vitales, autant que des ambitions légitimes, pour les jeunesses africaines. Elles ne peuvent plus attendre ! Elles ont fait la preuve qu’elles ne craignent d’affronter, ni les océans ni les déserts, pour aller au bout de leurs rêves. La jeunesse sénégalaise, et celle du Continent, a soif d’une ambition qui ne craint pas de soulever des montagnes.
Face à la déliquescence du modèle occidental, l’Afrique peut produire une nouvelle offre de civilisation plus digne de l’humain. Face au monologue de la terreur militaire et à une course aux armements dont l’occident décide seul du nombre de participants, les élites africaines, et celles de notre pays en particulier, doivent consentir une trêve sur les détails et identifier les grands chantiers de l’humain !
Seule une large coalition sur l’Avenir de l’Homme pourrait venir à bout des forces destructrices qui contrôlent le complexe militaro-industriel et dont la survie ne dépend que de la multiplication des guerres pour écouler leurs marchandises macabres.
Les élites intellectuelles et politiques du Continent devraient se concentrer sur ce grand chantier ! Produire des idées novatrices et des projets ambitieux qui changent le destin de l’Afrique. Redonner de la force aux idées constructives et à l’intelligence créatrice, retrouver la foi des bâtisseurs de pyramides ! Ce sont là les autoroutes du futur proche… Only the sky is the limit !
Baaba