Dakar a accueilli ce jeudi 18 décembre 2025 une journée nationale décisive pour l’avenir de l’enseignement privé. Le Conseil des Acteurs et Partenaires de l’Enseignement Privé (CAPEP) et le cabinet Osmose Audit & Conseils ont scellé un partenariat visant à sortir 5 200 établissements de l’informel.
Le constat dressé lors de cette rencontre est sans appel. Au Sénégal, l’enseignement privé représente 40 % de l’offre éducative, mais il évolue dans une précarité administrative alarmante.
Selon Amadou Arame Diagne, expert-comptable au cabinet Osmose, « 91 % des écoles privées ne bénéficient d’aucune reconnaissance officielle ».
« Absence de NINEA, manque de registre de commerce, défaut de déclarations fiscales et sociales : les lacunes sont nombreuses. Cette situation freine structurellement le secteur. L’accès au financement est quasi impossible. Sans statut formel, les banques refusent de financer l’achat de terrains ou de bus scolaires », a-t-il expliqué.
Sur le plan social, la situation n’est guère plus reluisante. « Des milliers d’enseignants travaillent sans couverture maladie ni retraite (IPRES/CSS). Par ailleurs, 71 % des établissements ne déclarent pas leurs impôts et peinent à faire face aux charges durant les mois de vacances », a-t-il poursuivi.
Face à ce constat, l’objectif affiché est clair : « inverser la tendance et passer de 9 % à 100 % de reconnaissance afin de garantir la viabilité du secteur ».
Il s’agit ainsi d’« encadrer ces 5 200 écoles qui forment plus de 2 millions d’élèves sénégalais ».
Présent lors de la signature du partenariat, Papa Yacine Samba Diop, représentant de la Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE), a réaffirmé l’engagement de l’institution à accompagner cette transformation.
Il a annoncé la mise en place d’une convention tripartite (CAPEP–Osmose–BNDE) destinée à faciliter l’octroi de crédits. « Une fois les établissements formalisés, la banque jouera pleinement son rôle avec un objectif de zéro rejet », a-t-il déclaré, évoquant des taux d’intérêt préférentiels compris entre 7 % et 8 %, ainsi que des solutions de trésorerie pour le paiement des salaires durant la période critique allant de juillet à septembre.
Au-delà de l’accompagnement financier, les acteurs du secteur appellent à une réponse institutionnelle forte. Papa Yacine Samba Diop a notamment regretté que l’enseignement privé ne soit géré que par une « simple division » au sein du ministère de l’Éducation nationale, plaidant pour la création d’une véritable direction afin de mieux encadrer ces 5 200 établissements qui scolarisent plus de 2 millions d’élèves sénégalais.

