Ceux qui ont écouté Bassirou Diomaye Faye parler à la RTS auront reconnu, derrière la courtoisie républicaine, une clarification profonde, presque irréversible. Une rupture froide mais déterminée. Cela rappelle, toutes proportions gardées, le fameux discours de Wade sur Idrissa Seck, un mois avant le limogeage : pas d’attaque frontale, mais une disqualification stratégique.
Le président de la République a déjà désavoué — sans le nommer — le logiciel politique de Sonko. Il a réaffirmé son attachement aux valeurs démocratiques, à l’État de droit, aux libertés publiques, à la stabilité institutionnelle comme socle de la confiance des investisseurs et de la sécurité nationale, dans un environnement régional sous tension. Son cap est clair : paix, réconciliation des Sénégalais, réponse aux urgences sociales.
Or tout cela contredit la logique de tension, de défi permanent, et de parti-État promue par son “ami” Sonko. Il y a donc bien un divorce. Substantiel. Stratégique. Irréconciliable. Le président tend la main à tous — y compris à Sonko — mais le cap est désormais exclusif : il ne souffrira ni turbulence interne, ni dualité de pouvoir.
Le choix du moment (après le Conseil national de PASTEF), du lieu (plateau solennel du 20h de la RTS), du message (stabilité, justice, développement), et de l’adresse implicite à la communauté internationale et aux investisseurs, n’est pas neutre. C’est un acte de gouvernement. Une commande politique. Et tout laisse penser qu’il sera bientôt suivi de conséquences institutionnelles.
Le casting est en cours. Le chef de l’État cherche désormais des profils alignés sur sa vision, capables de traduire en action la commande publique présidentielle : restaurer la confiance, gouverner avec méthode, rassurer les partenaires, et réconcilier la Nation.
Le temps de la cohabitation confuse s’achève.
Celui du cap présidentiel assumé commence.
Thierno Diop