Selon certains observateurs, l’Afrique produit de plus en plus de cadres, mais de moins en moins d’intellectuels. Car ces cadres formés dans les universités ne font que reprendre les résultats scientifiques des Européens et Asiatiques. Ils ne font pas de recherche-développement et ne font que copier les créations extérieures.
Comment faire face à cette situation et créer les conditions de promotion de la créativité africaine ? Y a-t-il des exemples de bonnes pratiques en Afrique et des intellectuels inventeurs et créateurs de richesses ?
Le constat selon lequel l’Afrique produit beaucoup de cadres mais peu d’intellectuels créatifs et innovants, qui ne feraient que reproduire les savoirs et pratiques externes, est en effet une critique souvent entendue, qui souligne un défi majeur pour le développement du continent. La transition de la simple consommation de connaissances à la production de savoirs et de solutions adaptées au contexte africain s’avère donc un impératif incontournable.
Pour faire face à cette situation, des initiatives sont expérimentées afin de créer les conditions de promotion de la créativité africaine. Ainsi, pour encourager l’innovation et la création de richesses endogènes, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Il s’agit, entre autres, d’encourager la recherche et le développement.
Les gouvernements africains doivent investir davantage dans la recherche et le développement, en créant des structures de recherche de qualité et en finançant des projets innovants. Il s’agit également de promouvoir la créativité et l’innovation.
Les universités et les institutions d’enseignement supérieur doivent encourager la créativité et l’innovation chez les étudiants, en proposant des cours et des programmes qui favorisent la pensée critique et la résolution de problèmes. Il faut également développer des partenariats avec l’industrie.
Les universités et les institutions de recherche doivent développer des partenariats avec l’industrie pour que les étudiants et les chercheurs puissent travailler sur des projets concrets et développer des solutions innovantes.
Il y a des exemples de bonnes pratiques en Afrique. L’Université de Cape Town (Afrique du Sud) est classée parmi les meilleures d’Afrique et a développé des programmes de recherche et d’innovation de haute qualité. L’Institut de recherche pour le développement (IRD) au Sénégal est un exemple de collaboration entre la France et le Sénégal pour développer des solutions aux défis du développement.
Il y a de nombreuses start-up africaines qui développent des solutions innovantes, telles que Jumia (e-commerce), Andela (formation en informatique) et Flutterwave (paiements en ligne). Des intellectuels africains sont également des exemples de créativité et d’innovation. Patrick Awuah, fondateur de l’Université Ashesi au Ghana, a développé un modèle d’éducation innovant qui combine l’enseignement supérieur et l’entrepreneuriat. Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, est une économiste et femme politique nigériane qui a développé des politiques innovantes pour promouvoir le développement en Afrique.
Toutefois, l’Afrique mérite bien mieux que ces cas certes encourageants, mais encore très isolés du point de vue de leur impact sur le développement intégral du continent. L’Afrique a besoin de grands inventeurs, mais aussi de concepteurs de projets innovants. Mais elle a surtout besoin d’ouvriers qualifiés, de cadres moyens et supérieurs capables de prendre le relais des expatriés qui occupent toutes les filières, notamment industrielles et de services.
Il est en effet inconcevable que, pour une usine installée au Sénégal ou partout ailleurs en Afrique, on fasse appel à des personnels formés sur d’autres continents. Il faut donc adapter la formation aux exigences du marché, en orientant les structures de formation vers la créativité et l’innovation. C’est la meilleure stratégie pour créer de la valeur ajoutée à notre économie, tout en exploitant toutes les opportunités de création d’emplois et de richesses.
Mamadou Kassé

