À vingt-quatre heures de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle, la Guinée-Bissau a replongé, mercredi, dans une énième crise politico-militaire. En milieu de journée, des tirs ont retenti près du palais présidentiel avant que le chef de l’État sortant, Umaro Sissoco Embaló, n’annonce lui-même avoir été arrêté par une faction des forces armées. Une scène qui ravive les vieux démons d’un pays marqué par une instabilité chronique.
Selon plusieurs témoignages concordants recueillis par Jeune Afrique, Umaro Sissoco Embaló a été appréhendé dans son bureau au palais peu après midi. Les plus hauts responsables militaires ont également été interpellés, notamment le chef d’état-major général, le général Biague Na Ntan, son adjoint, le général Mamadou Touré, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Botché Candé. Le président, qui affirme ne pas avoir été maltraité, accuse le chef d’état-major de l’armée de terre de conduire un « coup d’État ».
Dans la capitale, des militaires ont rapidement pris position autour des principaux axes menant aux institutions. Des tirs ont été signalés aux abords de la présidence, de la commission électorale et du ministère de l’Intérieur. Si un calme précaire est revenu, l’atmosphère reste lourde d’incertitude, entre passants cherchant refuge et habitants tentant de poursuivre leurs activités. Selon un porte-parole de la présidence cité par Reuters, des hommes armés non identifiés auraient pris pour cible la commission électorale afin d’empêcher l’annonce des résultats.
Cette nouvelle flambée de tensions survient trois jours après le scrutin du 23 novembre, marqué par des revendications concurrentes de victoire entre Embaló et son adversaire Fernando Dias Da Costa, soutenu par le PAIGC. Les résultats officiels, attendus jeudi, pourraient rallumer les tensions dans un pays qui a déjà connu neuf coups d’État ou tentatives depuis l’indépendance.
el Faye

