La Ligue démocratique (LD) a organisé samedi dernier la Conférence nationale du mouvement des enseignants du parti, une structure appelée à jouer un rôle moteur dans la revitalisation du parti et à contribuer à la résolution des crises qui traversent le pays, tant sur le plan syndical que politique. Elle illustre la volonté des dirigeants de la LD de renouer avec une tradition profondément ancrée dans son histoire celle d’un parti où les enseignants occupent une place centrale, tant dans la réflexion intellectuelle que dans le combat syndical et politique.
Prenant la parole, Nicolas Ndiaye, ancien parlementaire et Secrétaire général de la LD, a rappelé que depuis sa création, la LD s’est illustrée comme un parti ouvert aux différentes couches sociales – ouvriers, paysans, techniciens, avocats – mais qui a toujours compté dans ses rangs une forte proportion d’enseignants. « La LD a toujours été un parti d’enseignants et nous reprenons aujourd’hui cette tradition à travers la création de cette conférence nationale », a-t-il souligné.
Répondre à la crise du syndicalisme
La mise en place du mouvement des enseignants de la LD intervient dans un contexte marqué par une fragmentation syndicale sans précédent. « En 1981, il n’existait qu’un seul syndicat autonome dans le secteur de l’éducation. Aujourd’hui, on en dénombre 35 rien que dans le milieu enseignant. Le syndicalisme perd de son sens », a regretté Nicolas Ndiaye, appelant à une refondation du mouvement syndical. Selon lui, la Conférence nationale des enseignants ambitionne de contribuer à la résolution de cette crise, en ramenant l’action syndicale à sa mission première : défendre les intérêts des travailleurs et améliorer le système éducatif.
Une réponse à la crise du politique
Au-delà du champ syndical, la LD entend également participer activement à la régénération de la vie politique sénégalaise. « En 1981, le Sénégal comptait un seul parti politique. Aujourd’hui, ils sont près de 400. Certains y voient une vitalité démocratique, mais pour nous, c’est une dérive. Cette prolifération, combinée à un débat public marqué par les invectives et les insultes, nourrit la crise du politique », a dénoncé le secrétaire général de la LD. Il a rappelé que les congrès successifs du parti avaient confié à la direction la mission de travailler à restaurer la crédibilité du politique, une tâche à laquelle cette nouvelle structure d’enseignants devra contribuer.
La vision des enseignants
Pour Moustapha Sène, l’un des jeunes visages de cette initiative, la création du mouvement constitue une étape décisive dans la vie de la LD : « Composé exclusivement d’enseignants, ce mouvement met en avant le rôle fondamental de cette catégorie socioprofessionnelle, véritable levier de transformation sociale. Depuis toujours, la LD s’est distinguée par son engagement en faveur de l’équité et de l’indépendance du pays. Cette structuration s’inscrit dans une vision de justice sociale et d’égalité des chances. » Il a ajouté que l’objectif est de redonner à la LD toute sa force de frappe politique et militante, en faisant du mouvement des enseignants une pièce maîtresse pour revitaliser le parti et renforcer son rôle dans la société sénégalaise. La Conférence nationale des enseignants apparaît ainsi comme une réponse double, selon Moustapha Séne. « Il s’agit de répondre à la crise du syndicalisme et participer à la refondation de la politique. Dans un pays où l’éducation demeure un enjeu stratégique et où la défiance vis-à-vis de la classe politique ne cesse de croître, la LD mise sur cette catégorie socioprofessionnelle pour porter un discours crédible et des solutions concrètes », a-t-il conclu.
El I FAYE