La Représentation nationale a adopté, ce mercredi, le budget 2026 du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, défendu par Abdourahmane Diouf. Fixé à 117,178 milliards de FCFA, ce budget connaît une hausse exceptionnelle de 137 % par rapport à l’année précédente, principalement due à l’intégration du programme dédié au Cadre de vie.
Le ministre s’est félicité de ce vote, soulignant que les orientations retenues s’inscrivent pleinement dans l’Agenda 2050 du Sénégal, avec pour ambition d’intensifier l’action climatique, de renforcer la protection des écosystèmes et d’améliorer la gouvernance environnementale.
Le budget repose sur cinq priorités : la gestion durable des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, la transition écologique, le contrôle des pollutions, et la gouvernance environnementale. Abdourahmane Diouf a rappelé les progrès réalisés en 2025 dans la lutte contre la déforestation, la gestion des aires protégées et la réduction des pollutions.
Interpellé sur la pollution de l’air à Dakar, il a reconnu la gravité du phénomène, indiquant qu’un travail conjoint est mené avec le ministère des Transports, l’un des principaux émetteurs. Un centre spécialisé assure déjà une surveillance continue de la qualité de l’air.
Concernant les nuisances sonores, le ministre a précisé que son département ne traite que celles liées aux activités économiques et aux installations classées, tandis que les nuisances sociales et culturelles relèvent de l’ordre public.
Au sujet des plans d’eau, une initiative conjointe avec le ministère de l’Hydraulique vise à cartographier les zones aquatiques du pays et à restaurer leurs fonctions écologiques. S’agissant de la Falémé, affluent stratégique du fleuve Sénégal, il a rappelé que sa gestion relève de l’OMVS et que l’exploitation minière y est actuellement suspendue sur la rive gauche.
Le ministre a également évoqué des contraintes économiques persistantes, notamment autour de la régulation des petites unités de production d’eau en sachet. Un travail est en cours avec le ministère de l’Industrie pour concilier impératifs environnementaux et réalités économiques, avec un atelier national prévu les 15 et 16 décembre 2025.
Abdourahmane Diouf est aussi revenu sur la dette de la SONAGED, estimée à 22 milliards de FCFA, ramenée à 20,545 milliards fin 2024. Le gouvernement explore un nouveau modèle de financement incluant une contribution accrue des collectivités territoriales. Le ministère des Finances s’est engagé à trouver une solution pour les retards de salaires.
L’érosion côtière, qui touche la quasi-totalité du littoral sénégalais, demeure une urgence nationale. Le Sénégal défend activement cette cause à l’international, notamment dans le cadre de la mobilisation de financements innovants comme le Fonds « pertes et dommages ».
Parallèlement, une Loi sur le Climat est en préparation, intégrant la question de la taxe carbone. Le ministre insiste toutefois sur la nécessité d’une approche juste et adaptée, rappelant que l’Afrique ne contribue qu’à moins de 4 % des émissions mondiales.
Le ministère prévoit aussi de lancer des programmes d’éducation à la citoyenneté écologique afin de renforcer la sensibilisation du public.
Pour la gestion des parcs nationaux, Abdourahmane Diouf a plaidé pour des partenariats public-privé (PPP) sous forme de concessions, afin de moderniser les infrastructures et valoriser les sites. Sur le plan international, le Sénégal se prépare à accueillir en 2027 le 6ᵉ Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC6), confirmant son rôle grandissant dans la diplomatie environnementale.
Enfin, une version renforcée de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE+), obligatoire au-delà d’un certain seuil de marge bénéficiaire, sera prochainement introduite pour encourager les entreprises à s’engager davantage en faveur de la protection de l’environnement.
El Faye

