Bassirou Diomaye Faye en vacances : un geste symbolique qui renvoie à l’avenir de l’agriculture sénégalaise

Bassirou Diomaye Faye en vacances : un geste symbolique qui renvoie à l’avenir de l’agriculture sénégalaise

La récente image du président Bassirou Diomaye Faye, saisie lors de ses vacances de 2025, a suscité de nombreux commentaires. Plus qu’une simple photo privée, ce cliché s’impose comme un symbole fort de communication politique : celui d’un chef d’État enraciné dans les réalités rurales du Sénégal.

Ce rappel visuel n’est pas anodin. En effet, près de 80 % des exploitations agricoles sénégalaises sont constituées de petites exploitations familiales (PEF). Ces structures, souvent modestes mais vitales, assurent la subsistance de près de la moitié des ménages du pays. Leur rôle dépasse la seule fonction nourricière : elles financent la santé, l’éducation, l’habillement, et même les cérémonies sociales comme les mariages.

Ignorer cette réalité au profit d’un discours trop idéalisé sur la souveraineté alimentaire serait une chimère. Comme le rappelle l’histoire, les pays qui ont opté pour la mécanisation à grande échelle, à l’image de l’Angleterre au XIXe siècle, l’ont fait dans un contexte très particulier : l’industrialisation urbaine permettait d’absorber la main-d’œuvre libérée de la terre.

Or, le Sénégal se trouve dans une tout autre situation. Ses centres urbains, à commencer par Dakar, suffoquent déjà sous l’effet de l’exode rural et de ses corollaires : surpopulation, chômage endémique, insécurité, manque de logements, engorgement de la mobilité urbaine, et même inondations récurrentes. Dans ces conditions, favoriser une agro-industrie qui marginaliserait les PEF reviendrait à poser une bombe sociale à retardement : où absorber le surplus de main-d’œuvre rurale ?

La question mérite d’être posée : la solution aux problèmes de Dakar et des grandes villes sénégalaises ne résiderait-elle pas dans la redynamisation de nos campagnes ? Penser l’avenir du pays en partant du réel — celui des terroirs ruraux et de leurs millions d’acteurs — pour aller vers le désiré, semble une voie plus sûre que de vendre des illusions de modernisation rapide et déconnectée.

Le cliché présidentiel, au-delà de l’anecdote, nous rappelle que l’équilibre du Sénégal se joue dans ses champs, au cœur des PEF, là où se décide une large part de sa souveraineté économique, sociale et alimentaire.

Djibril Diop

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