Le vice-président de l’Assemblée nationale, Amadou Ba, membre du parti Pastef, a exprimé de vives réserves à l’égard du projet de loi sur la déclaration de patrimoine adopté en Conseil des ministres le 30 juillet 2025. Invité de l’émission Banc public sur Seneweb, le député a plaidé pour un durcissement du dispositif légal, qu’il juge insuffisant face à la réalité de la corruption dans l’administration publique sénégalaise.
Selon le texte actuel, seuls les agents publics gérant des fonds supérieurs à un ou deux milliards de francs CFA sont tenus de déclarer leur patrimoine. Une limitation que l’élu considère inadaptée et injuste, dans un pays où, dit-il, certains fonctionnaires affichent des signes d’enrichissement sans commune mesure avec leurs revenus officiels. « Il n’y a qu’au Sénégal qu’on voit des fonctionnaires milliardaires ! », a-t-il lancé, appelant à élargir l’obligation de déclaration à l’ensemble des agents publics, quel que soit leur niveau de responsabilité.
Prenant l’exemple de la France, où plusieurs millions de citoyens remplissent chaque année leur déclaration d’impôts, Amadou Ba a affirmé qu’un tel système est tout à fait transposable au Sénégal. Il en appelle à une volonté politique claire pour mettre fin à ce qu’il qualifie de tolérance injustifiée envers l’opacité et l’enrichissement suspect.
Le parlementaire a également pointé du doigt une faille juridique qu’il juge particulièrement dangereuse : la clôture automatique des procédures judiciaires en cas de décès de la personne soupçonnée de détournement de fonds publics. À ses yeux, cette règle revient à garantir une forme d’impunité posthume, permettant aux familles des auteurs présumés de conserver librement les fruits de la corruption. « S’il vole des milliards et meurt, on ferme le dossier. L’État perd son argent. Et sa famille se partage tranquillement l’argent public », a-t-il dénoncé.
Pour remédier à cette situation, Amadou Ba propose que la loi soit modifiée afin de permettre la poursuite des procédures de recouvrement même après le décès du mis en cause, notamment par la saisie des biens hérités. Cette mesure, selon lui, est indispensable pour assurer la continuité de la justice et la protection du patrimoine de l’État.
Alors que le projet de loi arrive sur la table des députés, Amadou Ba exhorte ses collègues à faire preuve de courage politique. Il estime que seule une législation rigoureuse et cohérente permettra de lutter efficacement contre la corruption et de restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.
el faye