À l’occasion de la fête nationale française, l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, a accordé un entretien avec le quotidien national Le Soleil revenant sur l’état des relations entre Paris et Dakar, à travers un bilan de la coopération bilatérale, des perspectives économiques, des sujets de tension comme les visas ou le retrait progressif des forces militaires françaises, mais aussi les rumeurs liées à son éventuel départ.
Pour la diplomate, le 14 juillet est bien plus qu’une simple commémoration. Il symbolise « la vitalité d’un partenariat fondé sur des valeurs partagées, une histoire commune, mais surtout une volonté d’avenir ». Présente au Sénégal depuis deux ans, elle dit avoir été témoin du « génie sénégalo-français », cette dynamique positive qui naît de projets conjoints dans les domaines économique, éducatif, culturel ou sécuritaire.
Elle est revenue sur la récente rencontre entre le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et son homologue français Emmanuel Macron à Séville. Les deux chefs d’État y ont discuté des défis mondiaux, changement climatique, terrorisme mais aussi de nouvelles manières de travailler ensemble, dans un esprit de « coopération équilibrée ». Cette vision s’inscrit dans la lignée des récents événements organisés pour renforcer les échanges économiques, comme Inspire & Connect, qui a rassemblé plus de 1500 acteurs régionaux à Dakar, ou le forum franco-sénégalais de mars dernier. Pour Mme Fages, ces initiatives illustrent la volonté partagée de bâtir un avenir industriel et entrepreneurial solide.
Elle a rappelé que la France est actuellement le premier investisseur étranger au Sénégal, avec 270 entreprises employant environ 30.000 personnes, soit près de 10 % des emplois formels du pays. Mais au-delà des chiffres, l’ambassadrice insiste sur l’évolution qualitative de la relation : « Les entreprises françaises ont compris qu’il est essentiel de s’ancrer dans le tissu local et de construire avec des partenaires sénégalais. »
Sur le plan militaire, la fermeture progressive des bases françaises se déroule selon le calendrier prévu. La diplomate parle d’un processus « fluide, respectueux et constructif », mené de manière technique par les armées des deux pays. Concernant les civils impactés par cette réorganisation, elle indique que des efforts ont été faits pour faciliter leur reconversion, notamment via une sensibilisation des entreprises locales à l’arrivée de profils qualifiés sur le marché du travail.
Interrogée sur le dossier sensible des visas, Christine Fages a reconnu les frustrations exprimées par certains demandeurs. Elle a rappelé que la France applique les règles de l’espace Schengen, tout en assurant que des efforts sont faits pour rendre le processus plus transparent et plus accessible. En 2024, plus de 53.000 demandes ont été traitées, avec un taux d’acceptation de 62 % pour les visas de court séjour. Les étudiants, particulièrement nombreux en cette période de l’année, bénéficient d’une priorité afin de leur permettre de rejoindre leurs établissements à temps. Une campagne d’information leur a été dédiée.
L’ambassadrice a tenu à clarifier les rumeurs relatives à son départ prochain. Elle affirme que son mandat, d’une durée de trois ans renouvelable, court jusqu’à l’été 2026. Les mouvements diplomatiques organisés chaque année entre mai et juin concernent plusieurs postes dans la région, mais pas le sien. Elle précise que la confusion pourrait venir du remplacement prévu de la consule générale à Dakar, prévu en septembre.
Christine Fages conclut en réaffirmant la solidité de la relation franco-sénégalaise, qu’elle qualifie de « partenariat sincère, fondé sur l’écoute, le respect et des intérêts partagés ». Une relation appelée, selon elle, à se renouveler, s’adapter et se consolider face aux défis communs.
el faye