Face aux limites des réformes successives et à la persistance des difficultés structurelles, le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, a annoncé jeudi une refonte en profondeur du système éducatif sénégalais. Une orientation stratégique qu’il juge indispensable pour répondre aux défis actuels et préparer l’école aux mutations technologiques, notamment celles liées à l’intelligence artificielle.
Le ministre s’exprimait lors de la plénière consacrée à l’examen et au vote du budget 2026 de son département. Fixé à 990,75 milliards de francs CFA, ce budget enregistre une légère hausse de 1,61 % par rapport à 2025.
« Une réforme ne suffit plus »
Pour Moustapha Guirassy, les contre-performances du secteur ne peuvent plus être corrigées par les réformes classiques. « La refonte ne portera pas uniquement sur les matières, mais sur tout l’environnement scolaire : le quantum horaire, les contenus pédagogiques, les cantines », a-t-il précisé devant les députés, appelant à une révision des indicateurs de performance.
Le ministre a également insisté sur la nécessité d’un travail conjoint entre l’Assemblée nationale et le ministère pour apporter des solutions durables à un système régulièrement secoué par des grèves, des déficits d’enseignants et des infrastructures insuffisantes.
Un fonds souverain pour financer durablement l’éducation
Au-delà du budget annuel jugé limité, Moustapha Guirassy propose une innovation majeure : la création d’un fonds souverain dédié à l’éducation. Géré au plus haut niveau de l’État, ce fonds serait doté de plusieurs milliards de francs CFA pour garantir un financement stable, indépendant et pérenne du secteur.
« Les enfants souffrent. Le capital humain est essentiel. Il faut trouver d’autres modes de financement », a-t-il plaidé, soulignant que malgré les milliards injectés chaque année, les résultats restent en deçà des attentes. À ses yeux, même une hausse de 100 milliards ne suffirait pas à combler les besoins.
Une répartition budgétaire marquée par un fort poids du pilotage administratif
Le budget adopté ce 11 décembre est réparti comme suit :
- Éducation préscolaire : 10,33 milliards FCFA
- Enseignement élémentaire : 275,78 milliards FCFA
- Enseignement moyen général : 66,86 milliards FCFA
- Enseignement secondaire général : 130,35 milliards FCFA
- Éducation de base des jeunes et des adultes : 1,57 milliard FCFA
- Pilotage ministériel et coordination administrative : 505,86 milliards FCFA
La part considérable consacrée au pilotage administratif – plus de la moitié du budget – pourrait alimenter les discussions sur l’efficacité de la dépense publique dans l’éducation, au moment même où le ministre appelle à une refonte totale du système.
Une école à reconstruire
L’appel à une refonte globale reflète une conviction : le Sénégal doit repenser le modèle éducatif sur lequel repose sa formation du capital humain, alors que l’économie mondiale entre dans une nouvelle ère dominée par le numérique et l’intelligence artificielle.
Reste désormais à savoir si la volonté affichée se traduira par des actes, et si la proposition d’un fonds souverain pour l’éducation trouvera un écho favorable auprès de l’exécutif et des parlementaires.
El Faye

