Parmi les invités d’honneur de la commémoration du massacre de Thiaroye 1944, le Président gambien Adama Barrow a livré un message fort, rappelant les liens historiques, humains et familiaux qui unissent la Gambie et le Sénégal, mais aussi la responsabilité commune des nations ouest-africaines dans la préservation de la mémoire des tirailleurs.
La cérémonie, organisée au camp militaire de Thiaroye, a été marquée par la présence d’importantes délégations étrangères, dont celles des pays d’origine des soldats africains fusillés le 1ᵉʳ décembre 1944. Adama Barrow, arrivé parmi les premiers, a été accueilli aux côtés du Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, du président de l’Assemblée nationale Malick Ndiaye, du Premier ministre Ousmane Sonko, de membres du gouvernement, de diplomates et de représentants des forces armées.
« La Gambie aussi cherche la vérité »
Dans un discours empreint d’émotion, le président gambien a rappelé que Thiaroye dépasse les frontières sénégalaises. « Nous avons subjecté nos ancêtres à une exploitation indécisive. Pour preuve, la Gambie également cherche la vérité », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’un examen historique sincère et partagé.
Il a évoqué les familles qui traversent les deux pays, les cultures communes, les destins imbriqués, rappelant que les tirailleurs provenaient de toute l’Afrique de l’Ouest. Même sous domination britannique, la Gambie « a envoyé ses fils combattre », a-t-il rappelé, soulignant son propre lien personnel à cette histoire : son grand-père maternel a participé aux combats au service des puissances coloniales.
« Nous avons répondu au même appel, non pas par choix, mais par la force des empires qui nous ont colonisés », a-t-il ajouté, en référence au rôle contraint joué par les populations africaines dans les armées européennes.
Thiaroye, un patrimoine mémoriel panafricain
Pour le chef de l’État gambien, Thiaroye 44 n’est pas un simple épisode historique sénégalais : c’est un pan essentiel du patrimoine mémoriel africain. Les violences coloniales qui s’y sont déroulées symbolisent les sacrifices imposés à des générations entières de soldats africains, recrutés de Dakar à Bathurst (Banjul), du Mali au Burkina Faso.
Son intervention a ainsi résonné comme un appel à renforcer la coopération mémorielle entre les nations de la région, afin de transmettre aux nouvelles générations une histoire débarrassée des omissions, des euphémismes et des silences longtemps entretenus autour du destin des tirailleurs.
Un moment fort de solidarité et de transmission
Avant de rejoindre le camp militaire, le Président Bassirou Diomaye Faye s’était recueilli au cimetière des tirailleurs, où il a déposé une gerbe de fleurs en hommage aux soldats exécutés en décembre 1944. La cérémonie a ensuite rassemblé responsables politiques, diplomates, chercheurs, militaires et élus territoriaux, unis dans un même devoir de mémoire.
Par sa présence et son message, Adama Barrow a donné une résonance régionale à cette commémoration, rappelant que la vérité sur Thiaroye est une quête collective, indispensable à l’écriture d’un récit africain partagé.
El Faye

