Pr Mor Ndao : “Il est temps de lever l’opacité autour de Thiaroye 44”

Pr Mor Ndao : “Il est temps de lever l’opacité autour de Thiaroye 44”

À la veille de la commémoration du 81ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, le professeur d’histoire Mor Ndao, président de la Commission sénégalaise d’histoire militaire, a livré une analyse approfondie sur l’état des recherches et des enjeux mémoriels autour du drame du 1ᵉʳ décembre 1944. Invité de l’émission Point de Vue, l’historien a rappelé que ce chantier demeure largement inachevé, en raison de l’opacité persistante entourant les sources disponibles.

Selon lui, les archives françaises transmises au Sénégal, notamment sous la présidence de François Hollande, sont incomplètes et parfois incohérentes. Certaines données paraissent en décalage avec les réalités du terrain, tandis que de nombreux dossiers restent encore classifiés. Cette carence se reflète dans la pauvreté des séries militaires conservées aux Archives nationales du Sénégal. Pour autant, Mor Ndao estime que cette situation doit encourager les chercheurs à diversifier leurs approches : exploitation des fonds conservés à Aix-en-Provence, à la Courneuve, à Nantes, mais aussi recours aux archives britanniques et américaines, dont les troupes stationnées à Dakar disposaient d’un système de renseignement efficace.

L’historien insiste sur la nécessité de croiser les sources, en intégrant les témoignages oraux – comme celui de Doudou Diallo – ainsi que les apports récents de l’archéologie et de la médecine légale. Les fouilles entreprises par des équipes universitaires ouvrent de nouvelles pistes pour localiser les fosses communes et reconstituer le déroulement des faits.

Pour Mor Ndao, la commémoration répond à trois exigences : le devoir, le travail et la volonté de mémoire. Elle permet d’honorer les tirailleurs, de transmettre leur histoire aux jeunes générations et d’inscrire durablement cet épisode dans la conscience nationale et africaine. Il rappelle également que Thiaroye fut un drame panafricain, impliquant dix-sept nationalités.

Enfin, il plaide pour un mémorial national, un centre de documentation, une intégration renforcée dans les programmes scolaires et une mobilisation accrue des arts, afin de restaurer pleinement la vérité historique et la dignité des martyrs.

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