Madiambal Diagne joue ce mardi une étape décisive dans le bras de fer judiciaire qui l’oppose à l’État du Sénégal. La Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Versailles rend en effet son délibéré sur la demande d’extradition visant le journaliste et homme d’affaires, installé en France depuis septembre dernier.
Le patron du Groupe Avenir Communication est poursuivi dans le cadre d’une enquête de la CENTIF portant sur des transferts financiers jugés suspects, d’un montant total de 12 milliards de francs CFA. Les autorités sénégalaises affirment qu’il a quitté le territoire de manière irrégulière, ce qui a conduit à l’émission d’un mandat d’arrêt international.
Une audience sous tension
Selon L’Observateur, Madiambal Diagne a prévu d’assister à l’audience, entouré de ses avocats, Me Ousmane Thiam et Me William Bourdon. Joint par le journal, Me Thiam se montre résolument optimiste :
« Nous avons bon espoir que nous obtiendrons gain de cause. C’est mon sentiment. »
L’avocat précise d’ailleurs le déroulement des délibérés en France :
« C’est comme au Sénégal, sauf qu’en France, les arrêts sont disponibles le même jour. Les juges arrivent avec la décision et, immédiatement après, on peut se rendre au greffe pour la récupérer. »
Madiambal dénonce une procédure « politique »
Le journaliste, lui, conteste l’ensemble de la procédure. Il estime le dossier « très mal ficelé » et affirme qu’il s’agit d’une manœuvre « purement politique » destinée à le réduire au silence. Des accusations que les autorités sénégalaises rejettent, arguant d’une enquête financière classique fondée sur des éléments matériellement établis.
Une défense prête à riposter
Consciente des implications judiciaires et diplomatiques du dossier, la défense prépare déjà ses prochaines stratégies. En cas de décision défavorable, Me Thiam et Me Bourdon envisagent de déposer un recours immédiat, selon les informations relayées par le Groupe Futurs Médias (Gfm).
Au-delà des aspects strictement judiciaires, le délibéré de Versailles constitue un test sensible dans les relations entre Dakar et Paris, et pourrait peser lourd dans le débat public sénégalais autour de l’indépendance de la justice et du traitement des affaires politico-financières.
El Faye

