Le Fonds monétaire international (FMI) exige du Sénégal plusieurs conditions pour débloquer un nouveau programme de financement, suite à la découverte d’une dette cachée estimée à environ 7 milliards de dollars contractée sous l’administration de l’ancien président Macky Sall.
- Centralisation de la gestion de la dette : Le FMI demande que la gestion de la dette publique soit centralisée au sein d’un seul ministère pour améliorer le contrôle et la transparence.
- Publication des audits : L’institution exige la publication intégrale des résultats de l’audit des arriérés pour garantir la transparence budgétaire.
- Renforcement de la transparence budgétaire : Le FMI insiste sur la mise en place de mécanismes de transparence pour éviter toute dissimulation future.
- Analyse de viabilité de la dette : Une analyse conjointe avec la Banque mondiale est en cours pour déterminer si le pays peut supporter son endettement actuel.
Pour assurer la transparence de la dette souveraine du Sénégal, le gouvernement doit mettre en œuvre ces réformes demandées par le FMI. Cela inclut également la publication régulière des données sur la dette publique et la mise en place d’un registre unique des engagements financiers de l’État.
Concernant les dettes contractées par l’ancien régime sans passer par l’Assemblée nationale ou par la signature de la personne habilitée, le FMI exige que ces dettes soient prises en compte dans la comptabilité nationale. Cependant, la décision finale sur leur prise en charge dépendra des résultats de l’audit et des négociations entre le Sénégal et le FMI.
La dette publique du Sénégal est actuellement estimée à environ 132% du PIB, ce qui suscite des inquiétudes quant à la stabilité financière du pays. Le FMI travaille avec les autorités sénégalaises pour restaurer la confiance et garantir la stabilité macroéconomique.
COMMENT RECOUVRER UNE DETTE NON DÉCLARÉE?
Le FMI est-il en droit de recouvrer une dette qu’il n’a pas octroyée?
A la suite des va-et-vient du fonds monétaire international FMI dans ses concertations avec le Sénégal, une seule question se pose.
Le FMI est-il en droit de recouvrer une dette qu’il dit ne pas avoir octroyée au Sénégal. Est-il en droit de poser des conditions pour le recouvrement de cette dette? La réponse qui s’impose et qui est tout-à-fait logique est bien sûr non.
Le FMI ne peut pas recevoir plus qu’il n’en a donné.
Par conséquent, la fameuse dette cachée n’est pas dans la comptabilité du FMI.
Il s’agit donc d’une dette parallèle contractée en dehors du circuit du FMI.
Par conséquent, elle ne saurait être remboursée par l’Etat du Sénégal qui dispose d’une signature reconnue. Elle ne saurait non plus être recouvrée par le FMI qui dit ne pas l’avoir octroyée.
Le Sénégal, en tant qu’Etat souverain disposant de toutes les institutions nécessaires à sa crédibilité et à sa stabilité financière, ne peut pas rembourser cet emprunt parallèle et hors circuit.
Il faut donc retourner à l’endettement officiel fixé à 70% du PIB et considérer tout autre endettement comme une dette « privée parasite ».
Si, comme il l’affirme, le FMI n’était pas au courant, pourquoi alors insister sur un remboursement à des tiers dont on ne connait ni l’identité ni le statut juridique?.
Un pays ne peut pas rembourser plus qu’il n’a emprunté, même avec un service de la dette difficilement supportable.
Le FMI devrait donc respecter sa logique de gestion pour donner quitus au Sénégal d’appliquer son régime de gestion de sa dette. L’institution financière devrait ainsi se focaliser sur sa propre dette et laisser au Sénégal la responsabilité de gérer cette dette parallèle et parasite.
Mamadou Kassé
Journaliste.

