Le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé mardi que la décision de procéder ou non à une restructuration de la dette du Sénégal relève exclusivement des autorités nationales. L’institution a indiqué avoir discuté avec le gouvernement de diverses options pour faire face aux « vulnérabilités significatives » de la dette du pays, rapporte Reuters.
Le FMI avait suspendu l’an dernier un programme d’appui financier de 1,8 milliard de dollars après que le nouveau gouvernement sénégalais eut révélé l’existence de dettes cachées, désormais estimées à plus de 11 milliards de dollars. Le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré ce week-end que les responsables du FMI avaient suggéré une restructuration de la dette, une proposition que son gouvernement a catégoriquement rejetée. En août, Ousmane Sonko avait dévoilé un plan de relance économique visant à financer 90 % des investissements grâce à des ressources internes, tout en évitant tout nouvel endettement. Mais la situation budgétaire du pays reste fragile. Depuis 2020, plusieurs pays africains comme la Zambie, le Ghana ou l’Éthiopie ont dû restructurer leur dette, mais la lenteur des négociations et les souffrances économiques qu’elles ont entraînées rendent ces opérations de plus en plus impopulaires auprès des gouvernements du continent.
QUE FAIT LE FMI EN AFRIQUE?
A la lecture de cette information en provenance du FMI et des autres partenaires financiers, on ne peut que s’interroger sur le rôle exact de ces institutions en Afrique. Au moment où certains pays asiatiques bénéficient d’appuis constants de l’Occident, où certains pays sortis de guerres sont soutenus à coups de milliards de dollars et d’autres de véritables plans Marshall, l’Afrique elle, est non seulement endettée mais aussi soumise au supplice des restructurations, des ajustements, de la dévaluation et des privatisations. C’est le seul continent à subir un tel sort alors qu’il porte toutes les richesses du monde.
Doit-on laisser perdurer une telle chape de plomb pour un endettement souvent annoncé mais jamais intégralement reçu avec tous les artifices liés à la corruption, à la concussion, à la fuite des capitaux, aux paradis fiscaux et à toutes les formes d’évasion.
Face aux manœuvre dilatoires du FMI et à ses pratiques dissuasives envers les éventuels investisseurs, le Sénégal se doit de trouver ses propres parades. Comme l’avaient fait certains pays asiatiques au début des années 2000, avec le soutien de la Chine et de ses alliés.
Maintenant, nous avons la preuve, pour ceux qui en doutaient, que l’économie de l’Afrique est gouvernée par l’Occident par le biais du FMI et des institutions financières internationales. Aucune politique nationale ne saurait émaner des gouvernements africains et toute initiative d’accompagner le peuple dans sa volonté d’acquérir sa souveraineté est étouffée dans l’œuf. Un véritable diktat s’exerce sur nos pays avec cette mainmise étrangère qui anéantit tout programme de gouvernement fondé sur la volonté des citoyens, donc des électeurs.
DEFI A LA DEMOCRATIE EN AFRIQUE
C’est là le véritable piège de la démocratie dont l’expression la plus significative se trouve être l’élection. Laquelle suppose la présentation des programmes de gouvernement et des projets de société. Que représentent ces projets, programmes et professions de foi face à la mainmise bien orchestrée des institutions financières sur nos économies ? Par ses décisions et son acte machiavélique, le FMI vient de défier le Sénégal en lui demandant de surseoir à toutes ses politiques souverainistes. Ce faisant, il lui intime l’ordre de ne pas appliquer le programme pour lequel les gens se sont battus avec toutes leurs conséquences.
La décision du FMI est donc lourde de conséquences pour l’économie du pays mais aussi pour sa crédibilité démocratique. La démocratie tant vantée et tant prônée par le monde capitaliste trouve là ses limites objectives qui en disent long sur le futur de notre continent.
A l’Afrique donc de se pencher sur les alternatives qui s’offrent à elle: continuer à subir le diktat ou trouver d’autres partenaires plus empathiques.
Mamadou Kassé
Journaliste

