La salle du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme était pleine à craquer, hier lundi, à l’occasion de la cérémonie de passation de service entre la ministre sortante, Khady Diène Gaye, et son successeur, Amadou Ba. Dans un discours empreint de fermeté et de vision, le nouveau ministre a invité l’ensemble du personnel de son département à « œuvrer sans relâche » pour replacer la culture, l’artisanat et le tourisme au centre du développement économique et social du Sénégal.
Entouré du Secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr, et du directeur de la Culture, Abdou Simbandy Diatta, Amadou Ba a marqué hier son entrée par un appel à l’unité et au travail collectif. « Je vous engage tous, personnels de direction, de contrôle et d’exécution, à œuvrer sans relâche, pour qu’ensemble, nous puissions repositionner le secteur de la culture au cœur de la croissance », a-t-il lancé, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
La ministre sortante, désormais en charge de la Jeunesse et des Sports, a profité de l’occasion pour dresser le bilan de ses 17 mois à la tête du département. Elle a énuméré plusieurs réalisations, parmi lesquelles l’avancée des chantiers de la Bibliothèque nationale, la planification du site de l’École nationale des arts et métiers de la culture, ainsi que la mise en œuvre de Maisons d’arts et de la culture de proximité. Elle a également rappelé le dossier sensible de l’inscription du Magal de Touba au patrimoine mondial de l’UNESCO, laissé à son successeur comme l’un des chantiers prioritaires.
« Construire des synergies entre culture, artisanat et tourisme »
Pour Amadou Ba, ancien député désormais propulsé à la tête d’un département stratégique, la réunion de la culture, de l’artisanat et du tourisme sous une même tutelle ne relève pas du hasard. « Le pari qui est lancé de construire des synergies entre culture, artisanat et tourisme n’est pas superficiel. Bien au contraire, il découle d’une vision éclairée des plus hautes autorités : impulser et valoriser la richesse artistique au soutien de la transformation systémique de l’économie », a-t-il expliqué devant un parterre composé d’acteurs culturels, de techniciens et de partenaires institutionnels.
Le ministre estime que la valorisation des fondamentaux culturels peut contribuer à développer un capital humain « compétent et conscient » de ses responsabilités sociales, capable de relever les défis de la nation. Dans cette perspective, il a insisté sur la nécessité de consolider les recettes et les emplois générés par les industries culturelles, de renforcer les mécanismes de financement, mais aussi d’investir dans l’innovation et la modernisation du secteur.
Des enjeux à la fois traditionnels et modernes
Le nouveau ministre a rappelé que la territorialisation des politiques culturelles reste une priorité. L’implantation de Maisons de la culture et des arts à travers les régions doit permettre, selon lui, une meilleure réappropriation des valeurs culturelles par les populations. Ce maillage territorial, dit-il, contribuera à rapprocher la culture des citoyens, tout en stimulant la création et l’économie locale.
Mais les défis ne se limitent pas à l’ancrage territorial. Amadou Ba a aussi mis en garde contre « le choc des plateformes numériques » qui fragilise la protection des droits des artistes et menace leurs revenus. Dans la même veine, il a évoqué les enjeux émergents liés à l’intelligence artificielle, appelant à une vigilance collective afin que l’innovation technologique devienne un levier de développement, et non un facteur de marginalisation des acteurs culturels.
Une vision adossée à la bonne gouvernance
Fidèle au cap fixé par le président de la République, le ministre a placé son action sous le signe de la bonne gouvernance, de l’éthique administrative et de l’inclusion sociale. « Nous devons susciter des initiatives en matière culturelle, tout en ayant en ligne de mire un développement du Sénégal porté par la rigueur, la transparence et l’équité », a-t-il insisté.
La cérémonie, ponctuée par des échanges chaleureux entre la ministre sortante et son successeur, s’est achevée sur une note d’optimisme. Si les défis sont nombreux, l’arrivée d’Amadou Ba à la tête du département fait naître de nouvelles attentes dans le monde culturel, touristique et artisanal. Les prochains mois diront si cette ambition de « repositionner la culture au cœur de la croissance » saura se traduire en réformes concrètes et en résultats palpables.
El FAYE