Fini la clameur de la huitième journée des qualifications pour la Coupe du monde. Fini les annonces tapageuses, les promesses de “dévorer” lions, aigles ou éléphants. Cette étape du tournoi a embrasé l’Afrique et tenu les publics en haleine.
Parmi toutes les affiches, une seule retenait les regards : RD Congo – Sénégal, le match que beaucoup voyaient comme le choc de l’année, prélude à une CAN explosive et vitrine du football africain au Mondial.
Tout devait se jouer dans l’antre bouillonnante du stade des Martyrs, à Kinshasa. L’enfer avait un nom et une adresse. Entre 80 000 et 100 000 spectateurs entassés, chauffés à blanc, prêts à tout pour pousser leurs Léopards.
Le décor ? Hostilité totale. Jets de projectiles, bouteilles d’urine, intimidation et menaces. Une ambiance électrique qui rappelait Lagos, Le Caire ou Kumasi, mais en plus violent, en plus mystique. Le surnom du stade semblait écrit d’avance : ici, les adversaires ressortent martyrisés, physiquement comme mentalement.
Dans ce chaos, les Lions ont rugi. Menés de deux buts, ils ont trouvé la force de revenir, puis de s’imposer. Une première historique en compétition officielle pour le Sénégal.
Mais cette victoire va bien au-delà du terrain. Elle est sportive, diplomatique et politique à la fois. Elle redonne confiance à tout un peuple, renforce la conviction que le Sénégal peut peser sur la scène africaine et mondiale, et montre que l’Afrique a son mot à dire dans l’arène planétaire du football.
Au bord du fleuve Congo, les Lions n’ont pas flanché. Ils ont attaqué, encore et encore. La touche du sélectionneur Pape Thiaw fut manifeste : vitesse, déséquilibre, intensité. Le collectif, soudé mentalement, répondit présent dans l’adversité.
Ce triomphe résonne comme une épopée. Il rappelle un autre combat mythique, tenu sur le même site en 1974 : Mohamed Ali contre George Foreman, le “Rumble in the Jungle”, qui avait fait de Kinshasa une scène mondiale.
Diffusée en mondovision, cette victoire sénégalaise n’est pas seulement une qualification en marche. Elle annonce l’irruption d’une Afrique vibrante : ses rythmes, ses couleurs, ses mythes et ses mystères.
Mais elle souligne aussi les failles d’un football encore en chantier : pelouses difficiles, arbitrage incertain, absence de VAR, sécurité précaire. Autant de défis qui interpellent la FIFA et la CAF pour éviter un football à deux vitesses.
Le triomphe des Lions à Kinshasa est plus qu’une victoire : c’est un symbole d’émancipation et de puissance. Dans la fournaise congolaise, le Sénégal a montré son âme et affirmé son ambition.
Mamadou KASSE et Mamadou KOUME