Les défis du nouveau maire de Dakar, Abass Fall

Les défis du nouveau maire de Dakar, Abass Fall

L’arrivée d’Abbas Fall à la tête de la mairie de Dakar marque un nouveau départ pour la ville. Succédant à Ngoné Mbengue, qui était proche de l’ancien maire Khalifa Sall, il se retrouve à la tête d’une ville pleine de vie mais confrontée à de gros problèmes. On peut dire que son mandat sera un vrai test, tant au niveau politique que pour le quotidien des habitants.

Être maire de Dakar, c’est bien plus qu’un simple job administratif. C’est un rôle clé dans la politique du pays. Dakar est importante économiquement, et les élections y sont toujours très suivies. Chaque maire rêve de transformer la ville et de laisser sa marque. L’élection d’Abbas Fall a suscité beaucoup d’espoir. Mais avec cet enthousiasme, il y a aussi beaucoup d’attentes. Avec plus de quatre millions d’habitants et une population qui ne cesse d’augmenter, Dakar est aujourd’hui au bord de l’explosion. Les gens quittent les campagnes pour venir y vivre et y trouver du travail, ce qui fait que la ville grandit sans arrêt. On y voit des immeubles modernes, des quartiers précaires et des constructions qui sortent de terre un peu partout. Mais cette croissance rapide pose problème, car elle n’est pas bien planifiée. Il y a un décalage entre les besoins de la population et ce que la ville peut offrir, ce qui crée des problèmes d’assainissement, de logement, de circulation et de gestion des déchets. Au final, c’est la qualité de vie des habitants qui en souffre, avec des conséquences importantes sur leur santé et leur vie sociale.

La circulation : un vrai casse-tête

Dakar est connue pour ses embouteillages monstres. Même si le Train Express Régional (TER) et le Bus Rapid Transit (BRT) ont été mis en place, les problèmes persistent. Les routes sont saturées, il manque de places de parking, les différents moyens de transport ne sont pas bien coordonnés et le nombre de voitures ne cesse d’augmenter. Ces embouteillages coûtent cher : baisse de la productivité, gaspillage de carburant, pollution accrue. Pour Abbas Fall, le défi est double : améliorer la circulation et proposer des solutions plus écologiques. Pour cela, il faudra mieux travailler avec l’État, soutenir les transports en commun et trouver des idées nouvelles comme le covoiturage, les pistes cyclables ou les services numériques.

Améliorer le cadre de vie,  une priorité

La vie à Dakar peut être difficile. Dans les communes de Dakar-Plateau, Médina, Gueule-Tapée, Fass ou Colobane, il est devenu très compliqué de se déplacer, que ce soit en voiture ou à pied. Les rues sont encombrées par les vendeurs ambulants, les garages de fortune, les parkings improvisés et les étals de marché. Abbas Fall aura fort à faire pour régler ce problème qui affecte la circulation et la qualité de vie des Dakarois. Dans de nombreux quartiers populaires, les routes sont en mauvais état. À la Médina comme à Colobane, les routes abîmées, mal entretenues ou mal conçues rendent la circulation difficile et favorisent les inondations pendant la saison des pluies.

L’absence de trottoirs sécurisés est un danger pour les piétons. On attend du nouveau maire qu’il mette en place un plan d’aménagement urbain en accord avec l’État et les autres collectivités pour moderniser le réseau routier. L’assainissement est également un défi majeur. Les eaux usées qui stagnent, les égouts bouchés et la mauvaise gestion des déchets exposent la population à des risques sanitaires. Dans plusieurs quartiers de Dakar, ces problèmes s’aggravent pendant la saison des pluies. On attend du nouveau maire qu’il prenne des mesures plus strictes pour l’assainissement.  Au-delà des problèmes urgents, Abbas Fall devra penser à l’avenir de Dakar. Comment encadrer la croissance de la ville pour éviter qu’elle ne s’étende de manière anarchique ? Comment garantir un aménagement équilibré qui tienne compte des besoins en logements, en routes, en équipements sociaux et en espaces de loisirs ? La planification urbaine est essentielle pour sortir la capitale de son chaos actuel.

L’économie informelle, un secteur à encadrer

À Dakar, l’économie informelle est à la fois une chance et un problème. Elle permet à de nombreuses familles de gagner leur vie grâce à la vente à la sauvette, aux petits commerces de rue ou aux ateliers improvisés. Dans une ville où le chômage est élevé, surtout chez les jeunes et les femmes, ces activités sont une source de revenus importante. Les « tabliers », ces vendeurs ambulants installés sur les trottoirs, les marchés improvisés ou aux carrefours, contribuent à l’activité économique de la ville. On y trouve de tout : fruits, vêtements, chaussures, gadgets électroniques ou plats cuisinés. Mais cette activité a aussi des inconvénients. L’occupation anarchique de l’espace public crée des embouteillages, gêne la circulation des piétons et des voitures, et contribue à la saleté des quartiers.

La situation est également préoccupante du côté des garages automobiles improvisés. En l’absence de zones dédiées et de règles appliquées, de nombreux mécaniciens installent leurs ateliers en pleine rue. Certaines zones de la ville se transforment alors en décharges à ciel ouvert, où s’accumulent carcasses de voitures, huiles usagées et déchets métalliques. Outre les nuisances visuelles et environnementales, ces pratiques présentent un risque sanitaire pour la population.

Pour Abbas Fall, le défi sera de trouver un équilibre entre deux impératifs : permettre aux plus démunis de continuer à gagner leur vie et rétablir l’ordre dans la ville. Une politique de répression brutale risquerait de priver des milliers de familles de leur seule source de revenus, tandis qu’un manque de contrôle aggraverait le chaos et la saleté. Des solutions existent comme réaménager des espaces commerciaux adaptés, créer des zones artisanales modernes pour les mécaniciens, mettre en place des systèmes de gestion concertée avec les associations de commerçants et de travailleurs informels.

Restaurer la confiance des Dakarois

La mairie de Dakar a connu des tensions politiques au fil des années. Entre le pouvoir central de l’État et la volonté d’autonomie de la ville, le dialogue a souvent été difficile. Abbas Fall hérite de cette situation. Son défi sera de mettre en place une gestion transparente, honnête et ouverte à la participation des citoyens.  L’affaire de ladite « caisse d’avance » et les toilettes publiques ont secoué l’opinion dakaroise. Les Dakarois veulent plus de clarté dans la gestion de l’argent, une meilleure communication des décisions et la possibilité de participer aux décisions locales. Il est essentiel de rétablir la confiance entre les habitants et la mairie pour donner un nouveau souffle à l’action publique.

 Lors de la passation de pouvoir avec Ngoné Mbengue, Abbas Fall a insisté sur la nécessité de travailler ensemble et dans le calme. « Je m’engage à travailler dans le respect mutuel et la discipline collective », a-t-il déclaré. Le nouveau maire a promis de construire une « relation constructive et fructueuse » avec l’État, estimant que Dakar ne peut prospérer que si les autorités locales et nationales travaillent ensemble. Il souhaite que son mandat soit placé sous le signe du « progrès partagé » et de la « justice sociale », en accordant la priorité à des domaines tels que l’assainissement, la circulation, la culture, l’éducation et l’action sociale. Conscient de « l’ampleur des défis », il dit compter sur « l’énergie, l’intelligence et les compétences » des employés de la mairie pour transformer durablement Dakar. Son succès dépendra de sa capacité à trouver des solutions innovantes, à dialoguer avec les habitants et à les impliquer dans la vie de la ville.

El FAYE

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