L’indignation est le ferment de l’esprit de résistance mais elle doit être

L’indignation est le ferment de l’esprit de résistance mais elle doit être

À la presse en ligne qui se contente de copier, le temps de l’impunité est révolu.

Il est temps de vous adresser directement, à vous, médias en ligne, blogs et plateformes, dont le modèle éditorial se résume trop souvent à une pratique aussi simple qu’illégale : la reprise, parfois mot pour mot, d’articles publiés par d’autres. Vous n’êtes ni des relais d’information, ni des acteurs du débat public.

Vous êtes tout simplement des parasites du travail journalistique, des profiteurs qui exploitent l’effort, le temps et les ressources des autres pour générer un trafic dont vous ne supportez ni les coûts ni les risques. Pire encore, vous bafouez l’éthique la plus élémentaire du métier, qui exige rigueur, originalité et respect des droits fondamentaux, dont celui de la propriété intellectuelle.

Certains d’entre vous pourraient croire que cette mise en garde ne concerne que les articles issus de la presse traditionnelle. Détrompez-vous. Votre pratique illégale s’étend également aux contenus publiés sur les réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter ou LinkedIn. Vous vous imaginez peut-être que ces espaces numériques, où l’information circule en temps réel, sont des zones de non-droit, des réserves inépuisables de contenus « libres de droits », qu’il suffirait de copier-coller pour s’en attribuer la paternité.

C’est une erreur, et une grave violation du droit d’auteur.

Un article, une analyse ou un reportage publié sur un réseau social est une œuvre protégée par la loi sénégalaise no 2008-09 du 25 janvier 2008, au même titre qu’un texte paru dans un journal ou sur un site d’information. Le support de diffusion n’y change rien : qu’il s’agisse d’un blog, d’un fil Twitter ou d’une page Facebook, le contenu reste la propriété exclusive de son auteur. Toute reprise non autorisée, intégrale ou substantielle, constitue une contrefaçon pure et simple.

Alors, dans quels cas une reprise est-elle légalement autorisée ?

La loi le précise sans ambiguïté : uniquement pour de courts extraits, et à des fins strictement encadrées (critique, débat, revue de presse, enseignement ou recherche). Cependant, même dans ces cas, deux conditions non négociables s’imposent : la source et le nom de l’auteur doivent être clairement mentionnés et la reprise doit rester brève, sans jamais empiéter sur l’intégralité de l’œuvre.

Un journal peut ainsi citer un passage d’un fil Twitter pour en discuter, à condition d’en mentionner l’auteur et de renvoyer vers le post original. En revanche, la reprise intégrale d’un article publié sur Facebook, sans autorisation ni mention de la source, est illégale. Aucun compromis n’est possible sur ce point.

Les conséquences de ces pratiques sont lourdes et vous vous y exposez sciemment.

Peu importe que le contenu soit puisé sur un site d’information ou sur un réseau social, sa reprise intégrale sans autorisation vous rend passible de sanctions civiles et pénales. Les dommages et intérêts pour préjudice économique et moral peuvent s’avérer coûteux, mais c’est surtout le volet pénal qui devrait vous faire réfléchir : jusqu’à deux ans de prison et 10 millions de francs CFA d’amende, conformément aux articles 45 et suivants de la loi n° 2008-09. Les réseaux sociaux ne sont pas une « banque d’articles gratuits » à votre disposition. Le vol reste le vol, qu’il soit commis en ligne ou ailleurs.

Pourquoi prendre un tel risque pour quelques clics supplémentaires ? Pour quelques clics supplémentaires ? Pour un trafic aussi éphémère qu’illégitime ? À quel prix ? Celui de votre crédibilité, de votre réputation, et, in fine, de votre survie même. Les lecteurs, de plus en plus avertis, savent reconnaître un contenu volé, un site qui ne produit rien, ne vérifie rien et ne mérite donc aucune confiance. Vous jouez avec votre avenir et celui de toute une profession déjà fragilisée.

Il est temps de choisir. Soit, vous vous érigez en acteurs responsables de l’information en produisant vos propres contenus, en citant scrupuleusement vos sources et en respectant les droits de la création intellectuelle. Soit, vous persistez dans votre statut de pilleurs du travail d’autrui, avec tous les risques juridiques, financiers et moraux que cela implique.

La décision vous appartient, mais sachez une chose : l’impunité appartient désormais au passé. La loi est claire, les outils de détection du plagiat sont de plus en plus performants et les victimes de vos pratiques sont désormais déterminées à se défendre. Le journalisme de qualité se fonde sur l’intégrité, non sur le vol.

À vous de décider de quel côté de l’histoire vous souhaitez figurer.

CHÉRIF SALIF SY

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