Les Lions ont gagné. Et ils ont gagné avec la manière, le panache et la technique. Jamais une équipe sénégalaise n’a été aussi conquérante et possessive. Les deux buts encaissés contre le cours du jeu ont été le fruit de faits de jeux imprévus et d’erreurs défensives d’appréciation.
Le reste de la partie a été presque à sens unique, avec une équipe sénégalaise dominatrice, une meilleure possession de balle et de nombreuses occasions qui ont permis de revenir à hauteur de l’adversaire. Le but de la victoire aurait même pu intervenir sur le but congolais contre son camp et, si la VAR avait été opérationnelle, le Sénégal aurait plié le match avant terme.
Le chaudron de Kinshasa, tant redouté et tant vanté par les supporters locaux, n’a pas suffi à renverser les tendances déclinantes du Congo. Le Sénégal est donc resté fidèle à sa réputation de deuxième meilleure équipe d’Afrique. Nos Lions ont honoré le drapeau et donné aux supporters de belles raisons d’espérer.
De plus en plus, nous avons la certitude qu’un match se gagne désormais avec un bon banc de touche, composé de joueurs prêts à entrer en jeu et non de simples compléments d’effectif. Les remplaçants ont parfaitement relayé les titulaires, faisant preuve d’engagement et de dépassement. Bravo !
Quelles leçons tirer de ce match, de l’ambiance qu’ils ont vécue et du spectacle qui s’est déroulé sous leurs yeux, eux qui ont l’habitude de jouer sur des pelouses et dans des ambiances européennes ? Nous avons là la preuve concrète de ce qu’est le football africain, avec ses aléas et ses imprévus. Les jets de projectiles ne sont pas des épiphénomènes ou des cas isolés : ils font partie des réalités d’un football qui n’a pas encore compris que le jeu se déroule sur une pelouse, à 11 contre 11, et qu’il reste avant tout un spectacle, passionnant et passionné.
L’arbitre a su jouer le jeu en sifflant justement malgré la chaude pression. Il a honoré l’arbitrage africain dans ce qu’il a de plus précieux : rapprocher les peuples. Le football est une véritable école de haute maîtrise du savoir-faire collectif. Il obéit à une vérité éternelle : seul le travail paie. Dans ce cas d’espèce, il conduit au professionnalisme.
La victoire des Lions a été celle du professionnalisme, tant sur les plans physique, technique et tactique, que sur celui de la lucidité et de la maîtrise de ses nerfs et pulsions. Les Lions ont franchi un palier important dans la conquête et la maîtrise de la haute performance. On peut espérer que le Mondial à venir sera une belle occasion de montrer les progrès du football africain.
Mamadou KASSÉ