Lors d’une conférence de presse tenue hier après-midi à Dakar, le président du parti République des Valeurs (RV), Thierno Alassane Sall, a formulé une analyse sévère des premiers mois du gouvernement dirigé par le Pastef, parti au pouvoir depuis l’élection présidentielle. Dans une déclaration sans détour, l’ancien ministre n’a épargné aucun domaine, dénonçant une gouvernance qu’il estime « peu rassurante », marquée par l’inertie et l’absence de solutions aux attentes urgentes des citoyens.
« Un État sérieux ne peut ignorer les revendications légitimes des travailleurs », a-t-il affirmé d’emblée, critiquant une gestion qu’il qualifie de « sourde » face aux urgences sociales et économiques du pays. Le député, connu pour ses prises de position claires, a déclaré que « le régime Pastef donne l’image d’une équipe dirigeante incompétente, bavarde et cruelle », allant jusqu’à parler de « dégoût » face à la situation actuelle.
Une économie en arrêt
Au centre des critiques de Thierno Alassane Sall : l’état de l’économie sénégalaise, qu’il juge sérieusement détériorée depuis le changement de régime. Il a particulièrement mis l’accent sur le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), qu’il décrit comme étant « en léthargie », en raison d’un ralentissement notable des projets d’infrastructure.
« L’économie est en arrêt. Les investisseurs ne se précipitent pas, et cela a un effet domino sur tous les autres secteurs », a-t-il expliqué, soulignant l’incapacité du gouvernement à maintenir un climat économique propice à la relance. Ce marasme, selon lui, nourrit un mécontentement croissant au sein de la population qui, après avoir espéré un changement profond avec l’élection de Pastef, peine à constater une quelconque amélioration.
UCAD et le système éducatif dans l’impasse
Le leader de RV a également attiré l’attention sur la situation inquiétante de l’enseignement supérieur, prenant l’exemple de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), où d’importants retards dans l’organisation des cours et examens sont observés.
« L’université est au point mort, comme figée dans le temps », a-t-il regretté, accusant les autorités de faire preuve de laxisme dans la gestion du calendrier universitaire. À ses yeux, cette situation montre l’incapacité du nouveau régime à gérer efficacement les dossiers sensibles qui touchent directement l’avenir des jeunes.
Coût de la vie et énergie au cœur des préoccupations
Sur le plan social, Thierno Alassane Sall a également abordé la question du pouvoir d’achat, citant en exemple le prix du carburant qu’il estime être le plus élevé de toute la région ouest-africaine. « Pourquoi le carburant coûte-t-il aussi cher au Sénégal, malgré nos ressources ? », a-t-il interrogé, critiquant la politique énergétique du gouvernement et le manque de transparence dans la gestion des ressources naturelles.
Il est également revenu sur la question des contrats pétroliers, un sujet qui a régulièrement suscité la controverse. Il a demandé une clarification des engagements pris par l’État, exigeant que justice et transparence prévalent dans la gestion des richesses nationales.
Malgré ses critiques sévères, Thierno Alassane Sall a appelé le pouvoir à « se ressaisir » et à « revenir à l’essentiel ». Pour lui, le gouvernement doit arrêter les discours pour se concentrer sur des actions concrètes et urgentes, notamment dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la justice et du développement local.
Ce compte rendu au vitriol, qui intervient à un moment de fortes tensions sociales et de questionnements économiques, s’inscrit dans une volonté manifeste du leader de RV de se positionner comme l’un des principaux contre-pouvoirs face à Pastef.
El FAYE
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