By La nouvelle est tombée comme un couperet, brutale et douloureuse : Me Cheikh Khoureychi Ba n’est plus. Le Barreau sénégalais, la justice, et plus largement la nation tout entière, pleurent la disparition d’un homme de conviction, d’un avocat émérite, d’un intellectuel d’une rare éloquence. Il s’est éteint ce mercredi à Istanbul, loin de sa terre natale, emporté par la maladie, laissant derrière lui un vide immense et une tristesse indicible.
Un défenseur infatigable des causes justes
Tout au long de sa carrière, Me Cheikh Khoureychi Ba s’est illustré comme un fervent défenseur des libertés fondamentales, un avocat qui a fait de la justice son sacerdoce. Il n’a jamais hésité à prendre la défense des opprimés, à s’élever contre l’arbitraire, à prêter sa voix à ceux qui n’en avaient pas. Sa rigueur, son éloquence et son sens aigu de l’équité faisaient de lui une figure incontournable du Barreau.
Son engagement l’a souvent conduit sur des terrains risqués, mais il n’a jamais cédé à la peur ni au compromis. Défenseur du leader politique Ousmane Sonko dans des affaires retentissantes, il a été un bouclier face aux dérives du pouvoir. À chaque bataille judiciaire, il imposait le respect, tant par sa maîtrise du droit que par son intransigeance face à l’injustice.
Un homme de principes, une voix singulière
Les hommages se multiplient, tous unanimes sur la grandeur de l’homme. Barthélémy Dias, ancien maire de Dakar, parle d’un « avocat émérite, d’une intégrité exemplaire, un fervent défenseur de la démocratie ». Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, salue la mémoire d’un « avocat de talent, une voix singulière du Barreau, un homme profondément attaché à la justice et aux libertés ».
Ousmane Sonko, profondément ému, évoque un « monument de toutes les luttes contre l’injustice et l’arbitraire ». Pour le député Guy Marius Sagna, sa disparition est un « choc », tant il a eu l’occasion de voir Me Ba à chaque fois qu’il était en garde à vue, toujours présent pour défendre ceux qui subissaient la répression.
Un intellectuel brillant, une élégance rare
Mais Me Cheikh Khoureychi Ba n’était pas seulement un avocat de talent. Il était aussi un intellectuel raffiné, un homme d’une vaste culture, dont la plume acérée a marqué des générations, témoigne Pape Sadio Thiam. Ancien directeur de publication du journal Sopi, il n’a jamais hésité à user de sa plume pour dénoncer l’injustice et éclairer le débat public.
Son élégance ne se limitait pas à sa pensée. Ceux qui l’ont connu se souviennent d’un homme au port altier, toujours impeccable, dont l’éloquence et le charisme forçaient l’admiration. Il était de ces hommes dont la simple présence impose le respect, de ceux qui marquent les esprits par leur prestance et la profondeur de leur engagement.
Une vie marquée par les épreuves et les combats
Pour Pape Sadio Thiam, l’histoire de Me Khoureychi Ba est aussi celle d’un homme qui a connu l’épreuve et l’adversité. Lors des élections de 1988, il est emprisonné par le régime socialiste pour avoir publié des résultats qui donnaient Abdoulaye Wade vainqueur. « Cet épisode marquera un tournant dans sa vie. Il s’éloignera de la politique active, mais restera un observateur vigilant et un acteur engagé du combat pour la démocratie », déclare- t-il.
Au début des années 2000, il part en Côte d’Ivoire, où il prend la défense du président Laurent Gbagbo, dénonçant avec force la mainmise de la France sur la crise ivoirienne. Toujours fidèle à ses principes, il n’a jamais hésité à s’opposer aux puissants, à dénoncer l’injustice, quel qu’en soit le prix.
Aujourd’hui, alors que le Sénégal pleure l’un de ses plus éminents avocats, une question demeure : qui prendra la relève ? Qui, avec autant de courage, d’intégrité et de détermination, portera la flamme de la justice et du droit ?
Me Cheikh Khoureychi Ba laisse derrière lui un héritage immense, mais aussi un vide difficile à combler. Son nom restera gravé dans l’histoire, dans les mémoires de ceux qui ont eu le privilège de le connaître, de l’écouter plaider, de lire ses écrits percutants.
Birahim Faye
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