Le 6 mars 2025 restera gravé dans la mémoire de Ngagne Faye, un citoyen sénégalais qui se bat depuis plus de deux ans pour se rendre aux États-Unis et rendre hommage à son père décédé. Malgré un dossier solide et des preuves irréfutables de son lien avec son défunt père, un citoyen américain établi aux États-Unis depuis près de 30 ans, il se heurte à un mur administratif opaque. Retour sur un combat semé d’embûches et de désillusions.
Le défunt père de Ngagne Faye était un Américain d’origine sénégalaise. Arrivé aux États-Unis il y a près de trois décennies, il y avait bâti sa vie, tout en gardant un lien fort avec son pays natal. Marié aux États-Unis en 2012 sans enfants, il effectuait fréquemment la navette entre les deux pays. Propriétaire d’un appartement aux États-Unis, détenteur d’une assurance santé et d’autres biens, il avait toujours envisagé un retour au Sénégal.
Mais le destin en a décidé autrement. Alors qu’il se trouvait aux États-Unis en pleine pandémie de Covid-19, il exprima à son fils son désir de rentrer dès que les restrictions sanitaires seraient levées. Il avait même acheté son billet de retour. Peu de temps après, Ngagne Faye apprit par sa tante Sara Kaba que son père était hospitalisé. Puis, la terrible nouvelle tomba : son père était décédé et enterré au New Jersey.
Un choc brutal pour Ngagne et son frère Cheikh Faye. Leurs interrogations restèrent sans réponse. Aucun détail précis sur la maladie ayant emporté leur père, aucune possibilité de voir son corps, encore moins d’assister à son inhumation.
Une tante qui dissimule la vérité
Dans un premier temps, Ngagne Faye gardait de bonnes relations avec sa tante Sara. Elle lui promettait de l’aider à venir aux États-Unis pour voir la tombe de son père et récupérer ses biens. Mais au fil du temps, ses promesses s’effritèrent. Elle prétextait des formalités administratives en cours, des interventions d’un avocat, des démarches auprès de l’ambassade…
Puis, la vérité éclata : Sara Kaba ne voulait pas que les fils du défunt mettent les pieds aux États-Unis. Elle craignait de « tout perdre » si Ngagne et son frère venaient réclamer l’héritage de leur père. Face aux accusations, elle assuma froidement sa position, avant de couper tout contact avec eux.
L’imbroglio administratif et les obstacles diplomatiques
Déterminé, Ngagne Faye tenta alors d’obtenir un visa pour se rendre aux États-Unis. Un premier refus lui fut opposé. Conseillé par des proches, il se tourna vers Me Weiner, un avocat américain qui accepta de l’aider. Ce dernier rédigea une lettre à l’intention des autorités consulaires, expliquant la légitimité de la demande de Ngagne, s’appuyant notamment sur le certificat de décès américain de son père.
Au Sénégal, Ngagne chercha du soutien auprès de Me Tall, un haut cadre du ministère. Ce dernier lui assura avoir plaidé sa cause auprès de la ministre en charge, mais rien n’avançait. « Le Directeur de cabinet se montrait évasif. Pendant des semaines, il ne traita pas mon dossier, malgré l’intervention d’un collègue. Je suis allé jusqu’à proposer une compensation financière et un terrain pour accélérer le processus. Rien n’y fit », se désole Ngagne Faye, la voix tremblante. Finalement, il décrocha un second rendez-vous à l’ambassade américaine à Dakar, fixé au 6 mars 2025. Il croyait en ses chances.
Une injustice flagrante
Le jour du rendez-vous, Ngagne constata une réalité troublante. Des personnes obtenaient un visa sur simple recommandation d’une personnalité influente. Il vit des Sénégalais dire qu’ils venaient « de la part de… », d’autres obtenir un visa pour des raisons aussi futiles qu’un concert.
Puis vint son tour. Il expliqua sa situation, présenta les documents de son père, son passeport américain toujours valide, le certificat de décès officiel… À peine quelques minutes d’échange avec le consul, avant que la sentence ne tombe : refus. Aucune explication, aucune justification. Dépité, Ngagne demanda des raisons à l’agent consulaire, qui lui répondit froidement : « C’est comme ça. » Un employé sénégalais de l’ambassade, témoin de la scène, lui souffla discrètement : « Revenez une autre fois. »
Un combat loin d’être terminé
La colère et l’incompréhension submergèrent Ngagne Faye. Son père avait travaillé et payé ses impôts aux États-Unis pendant trois décennies. Il était décédé et enterré sur le sol américain. Son seul souhait était de se recueillir sur sa tombe et de s’assurer que ses biens n’étaient pas spoliés.
Encouragé par Me Weiner, il envisage désormais d’exposer cette injustice sur les réseaux sociaux, afin d’alerter l’opinion publique. Il refuse d’abandonner et espère que les autorités sénégalaises prendront enfin ses démarches au sérieux.
Dans ce combat pour la mémoire de son père, Ngagne Faye est déterminé à faire éclater la vérité. Il sait que la justice finit toujours par triompher, et que, tôt ou tard, il pourra honorer la mémoire de celui qui lui a donné la vie.
letemerair
Le Témoin quotidien