Rapport de la Cours des Comptes : Les Sénégalais dénoncent la gestion du régime Macky Sall

Rapport de la Cours des Comptes : Les Sénégalais dénoncent la gestion du régime Macky Sall

Depuis la publication du rapport tant attendu de la Cour des comptes, mercredi dernier, le Sénégal est en ébullition. Ce document, qui révèle des irrégularités majeures dans la gestion des finances publiques sous le régime de Macky Sall, a déclenché un torrent de réactions au sein de la population. Entre indignation, colère et scepticisme, les Sénégalais expriment leurs opinions sur une affaire qui pourrait redéfinir le rapport des citoyens avec leurs dirigeants.

La gestion des finances publiques sous Macky Sall a toujours été un sujet de controverses. L’opposition, notamment Ousmane Sonko, avait à plusieurs reprises dénoncé des détournements présumés et un manque de transparence. Le rapport de la Cour des comptes la semaine dernière semble aujourd’hui confirmer ces soupçons en mettant en lumière des pratiques jugées préoccupantes.Le rapport révèle des cas de maquillages comptables, des dépenses non justifiées et une utilisation douteuse des ressources publiques. Des malversations qui pourraient avoir des conséquences politiques majeures pour les caciques de la défunte coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) d’autant plus qu’il intervient dans un contexte de transition où l’opinion publique est particulièrement attentive aux questions de gouvernance et de lutte contre la corruption.

«On vit dans un pays où les dirigeants se servent avant de servir le peuple! »

Sur la route de Rufisque sise à Hann, l’indignation est palpable, ce dimanche matin. De nombreux Sénégalais estiment que cette affaire n’est qu’une confirmation de ce qu’ils savaient déjà. Abdou Ndoye, mareyeur, fulmine : « Franchement, ça n’étonne personne. On vit dans un pays où les dirigeants se servent avant de servir le peuple. Et nous, on continue de souffrir. Ils parlent de milliards détournés alors que les écoles manquent de tables-bancs et que les hôpitaux n’ont même pas assez de médicaments. »Même constat du côté de Fatou Diop, enseignante. Rencontrée à sur un arrêt bus non loin, elle estime que ce n’est qu’une ritournelle. « Ce qui me fait le plus mal, c’est que ça ne change jamais. On découvre un scandale, on crie au vol, mais personne ne rend de comptes. Ce rapport va faire du bruit pendant quelques semaines, puis tout le monde passera à autre chose », dénonce-t-elle.Pour certains, ce rapport est l’occasion de repenser le modèle de gouvernance et d’exiger plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. Amadou Ndom, étudiant, estime que « ce rapport pourrait être un tournant dans l’histoire du Sénégal. « Si la justice fait son travail et engage des poursuites contre les coupables, alors nous pourrons dire que le Sénégal est en train d’évoluer. Mais si rien ne se passe, alors ce sera encore une fois une preuve que l’impunité règne », avance-t-il.

« Nous exigeons des enquêtes et des sanctions »

 A Hann Montagne, un groupe de jeunes se regroupent autour du thé. La situation économique du pays est au cœur des discussions. Parmi eux, Pape Diagne. Ce jeune Lébou de bon teint croit qu’Ousmane Sonko avait vu juste. Selon lui, la publication du rapport de la Cours des Comptes est une victoire. Le Premier ministre, dit-il, n’a cessé de dénoncer la mauvaise gestion sous Macky Sall, et ce rapport vient selon lui confirmer ses accusations. «  Nous savions tous que toujours que le régime précédent pillait les ressources du pays. Aujourd’hui, la Cour des comptes donne raison à Sonko. Maintenant, il faut que justice soit rendue. Il ne suffit pas de dénoncer, il faut juger et sanctionner. »Abdou Ndir lui embuche la même trompette. Mais, il renchérit en exigeant des poursuites judiciaires « Les Sénégalais méritent la vérité. Ce rapport ne doit pas être enterré comme tant d’autres avant lui. Nous exigeons des enquêtes et des sanctions. ». Il voit dans cette affaire un test pour la nouvelle administration. « Si le gouvernement actuel veut marquer une rupture avec les pratiques du passé, il devra permettre à la justice d’agir en toute indépendance », dit-il.

« On a vu trop de rapports comme celui-là. Et après »

Alors que les débats enflamment les réseaux sociaux et les discussions de rue, une question demeure : ce rapport entraînera-t-il des sanctions ou finira-t-il comme tant d’autres, dans l’oubli ? Trouvé sur le jardin de Niarry Tally, Alioune Ndiaye, estime que « out dépendra de la volonté politique des nouveaux maitres du pays ». « Si les autorités actuelles veulent réellement rompre avec le passé, elles devront donner suite aux recommandations du rapport et permettre à la justice de faire son travail. Mais si elles choisissent de protéger certains responsables, alors nous aurons la preuve que rien ne change », met-il en garde.Aïssatou Sow, étudiante en droit, D’autres, plus optimistes, espèrent que cette fois-ci, le Sénégal prendra un tournant décisif. Elle veut croire en un avenir meilleur. « Nous avons élu une nouvelle équipe qui a promis la transparence. Il faut leur laisser le temps d’agir. Si après ce rapport rien n’est fait, alors là, nous pourrons parler de trahison », affirme-t-elle. Mais pour certains Sénégalais, le scepticisme l’emporte.

Mamadou Mbaye, chauffeur de taxi, résume ainsi l’état d’esprit général : « On a vu trop de rapports comme celui-là. Et après ? Rien. Tant que la justice ne montre pas qu’elle peut poursuivre et condamner les coupables, ce sera juste du théâtre. »« Oui, il y a eu des erreurs, mais parler de détournements massifs est une interprétation erronée »Boubacar Diouf estime qu’ « Il faut donner plus de moyens à la Cour des comptes et aux organes de contrôle de l’État. Mais surtout, il faut que la justice soit indépendante et puisse agir sans pression politique. Sinon, nous continuerons de voir ces scandales se répéter. » Pour lui, le rapport de la Cour des comptes a mis en lumière des pratiques financières jugées douteuses sous le régime de Macky Sall, provoquant une vague d’indignation au sein de la population.«  Ce rapport marquera-t-il un tournant dans la lutte contre la corruption au Sénégal ? », s’interroge-t-il. Et de poursuivre « Ou bien rejoindra-t-il la longue liste des scandales oubliés ? ». Selon lui, « l’opinion publique reste en alerte, espérant que cette fois-ci, justice sera réellement rendu ».

Face à la vague d’indignation, Ousmane Sow, partisan du régime précédant minimise l’impact du rapport. A l’en croire, le gouvernement va toujours exagérer les faits pour en tirer un bénéfice politique et masquer son impuissance face à la crise économique actuelle. « Oui, il y a eu des erreurs, mais parler de détournements massifs est une interprétation erronée du rapport », se justifie-t-il L’APR, qui voit ce rapport comme une tentative de discréditer son bilan, accuse certains médias d’alimenter une campagne de déstabilisation. Le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Sonko, qui ont promis une gouvernance exemplaire, se trouvent désormais face à un dilemme : engager des poursuites contre les responsables identifiés ou risquer de décevoir leurs partisans.

Letemerair.info

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