Mamadou Dia,  »homme d’Etat souverainiste et ardent patriote », mérite reconnaissance éternelle (historien)

Mamadou Dia,  »homme d’Etat souverainiste et ardent patriote », mérite reconnaissance éternelle (historien)

L’ancien président du Conseil du gouvernement sénégalais Mamadou Dia (1910-2009) a marqué son époque par son ancrage dans les valeurs culturelles intrinsèques du Sénégal, caractéristiques ayant contribué à faire de lui  »un homme d’Etat souverainiste et ardent patriote », estime l’historien Adama Baytir Diop.

Selon lui, « […] en si peu de temps au pouvoir, semi autonomie, autonomie interne, indépendance nominale, cet homme d’Etat souverainiste, ardent patriote, nationaliste, avait marqué son époque, en maîtrisant nos valeurs intrinsèques et cultures traditionnelles », a-t-il déclaré.

De sa « haute stature » d’homme d’Etat dominant la scène politique du Sénégal post-indépendance, Mamadou Dia « demeure aujourd’hui encore le patron du voyage pour qui tout Sénégalais ou Africain voudrait voir la vraie grandeur nationale », a soutenu l’historien sénégalais.

Il intervenait ce week-end, lors d’un panel axé sur le thème « Mamadou Dia, un engagement pour l’indépendance et le développement du Sénégal », organisé dans le cadre de la commémoration de  l’anniversaire du rappel à Dieu de l’ancien président du Conseil, survenu le 25 janvier 2009, à l’âge de 98 ans, par la Maison de la culture Douta Seck, un endroit qui fût sa résidence.

Il a rappelé que Mamadou Dia « fut fidèle aux idéaux socialistes, en luttant à l’époque contre les antivaleurs notamment la gabegie, le népotisme et tant d’autres ».

« Il a préconisé l’ardeur au travail dans la probité et fut le principal maître de la Constitution du Sénégal dans les années 1960 », a-t-il relevé.

Selon Adama Baytir Diop, Mamadou Dia a été « un homme politique et non un politicien imbu du pouvoir ».

Le vétérinaire et chargé d’études, Ibrahima Dème, un des intervenants à ce panel, a lui rappelé que Mamadou Dia avait « su exploiter le système de la vie sociale sénégalaise et africaine, pour instaurer les coopératives ».

« Pour lui, il fallait passer par l’éducation pour implanter le système des coopératives au Sénégal. Il avait insisté sur le fait que l’on ne devait pas faire la coopération sans le coopérateur », a-t-il ajouté.

Sur cette base, Mamadou Dia a diagnostiqué le système des coopératives « sans équivoque, tout en insistant sur l’aspect financier de cette dernière, afin d’assurer son autonomie ».

« Lui rendre hommage, c’est multiplier sa pensée coopérative. Louer ses actions pour le développement du Sénégal et de l’Afrique. Le Sénégal doit faire de Mamadou Dia, un symbole éternel », a-t-il insisté.

Le député Alla Kane du parti PASTEF-Les patriotes (pouvoir), a pour sa part soutenu qu’il avait manqué à Mamadou Dia un parti politique correspondant à sa vision.

Mais « le combat incarné par Mamadou Dia est loin d’être terminé », a-t-il dit, appelant « les uns et les autres à le poursuivre ».

Né le 18 juillet 1910 à Khombole, dans la région de Thiès, Mamadou Dia fut une figure emblématique de l’indépendance du Sénégal.

Après avoir exercé le métier d’instructeur pendant de nombreuses années, il a été un compagnon de route du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor pendant quatorze ans, avant de devenir son rival.

Mamadou Dia, accusé de tentative de coup d’Etat par Senghor lors de la crise de 1962, avait été jugé et condamné à perpétuité, avant d’être gracié en mars 1974 puis amnistié en avril 1976, soit un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.

L’idée d’une révision de son procès avait été agitée au début des années 2000 par le président de la République d’alors Abdoulaye Wade, qui venait d’arriver au pouvoir et qui faisait partie de ses avocats en 1963.

Affaibli par le poids de l’âge et les conditions carcérales, il a consacré les dernières années de sa vie à l’écriture de livres et de mémoires, tout en continuant à prendre régulièrement position, sur des questions majeures touchant à la nation sénégalaise, à travers des sorties  dans la presse. 

Réputé pour sa rigueur, son sens de l’éthique, son patriotisme, sa piété, Mamadou Dia laisse un héritage politique qui inspire aujourd’hui beaucoup de générations de Sénégalais et d’Africains. 

Avec aps

administrator

Related Articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *