À l’issue du Forum Dakar+10, les six pays sahéliens – Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad – ont adopté une nouvelle Déclaration de Dakar pour renforcer l’irrigation et garantir la souveraineté alimentaire et nutritionnelle dans la région. Le document, soutenu par les partenaires techniques et financiers, marque une étape majeure dans la volonté collective de transformer durablement l’agriculture sahélienne.
Réunis à Dakar du 7 au 9 avril, les ministres et représentants des six gouvernements ont affirmé leur engagement à accélérer le développement de l’agriculture irriguée, dans un contexte marqué par l’urgence climatique, les conflits, l’insécurité alimentaire croissante et les limites des systèmes agricoles actuels.
Un contexte exigeant un changement de cap
La déclaration rappelle les défis majeurs auxquels fait face le Sahel : variabilité climatique extrême, dégradation des sols, croissance démographique rapide, urbanisation galopante et insécurité civile. Face à ces enjeux, les États sahéliens ont réaffirmé leur attachement à la souveraineté alimentaire, en s’appuyant sur les engagements du PDDAA, la Déclaration de Dakar de 2013 et les objectifs de la Déclaration de Kampala 2025.
L’irrigation, un levier pour l’avenir du Sahel
Les participants reconnaissent que l’irrigation est un pilier stratégique pour la création d’emplois, l’augmentation des revenus, la résilience climatique et la stabilité régionale. Le potentiel est immense : plus de 20 millions d’hectares irrigables au Sahel restent à valoriser. L’appel est donc lancé pour renforcer les investissements publics et privés dans des systèmes d’irrigation modernes, efficaces, accessibles et durables.
Des engagements concrets pour une transformation durable
Dans leur déclaration, les ministres s’engagent à :
- Mobiliser davantage de ressources budgétaires nationales pour financer l’irrigation ;
- Moderniser les infrastructures existantes et améliorer la qualité des systèmes en place ;
- Appuyer l’irrigation portée par les producteurs, via des politiques ciblées et des solutions abordables comme le pompage solaire ;
- Encourager les investissements privés, à travers des partenariats public-privé et une politique foncière adaptée ;
- Transformer les systèmes de production irrigués en filières agricoles diversifiées, performantes et axées sur les marchés ;
- Renforcer la recherche, la formation et les systèmes d’information pour guider les politiques publiques et les décisions d’investissement.
Un appel fort aux partenaires et aux chefs d’État
Le forum a aussi été l’occasion de lancer un appel solennel aux chefs d’État sahéliens, aux partenaires financiers, aux producteurs et à la société civile. Parmi les priorités :
- Atteindre 1 000 000 hectares de terres sous irrigation maîtrisée d’ici 2035 ;
- Aligner les financements des partenaires sur les priorités nationales ;
- Promouvoir des systèmes d’irrigation durables et adaptés aux réalités climatiques locales ;
- Mettre en œuvre un mécanisme régional de suivi-évaluation, piloté par le CILSS ;
- Étendre la stratégie d’irrigation aux autres pays de la sous-région dans une dynamique de coopération renforcée.
Vers un changement structurel de l’agriculture sahélienne
Avec cette déclaration, les pays du Sahel affichent une ambition renouvelée : faire de l’irrigation un levier de résilience, de sécurité alimentaire, de développement économique et de paix. Le Forum Dakar+10 aura ainsi marqué une étape décisive dans la construction d’une agriculture irriguée moderne, inclusive et durable au cœur du Sahel.
Faye Birahim